Glucksmann «sioniste», «les Blancs», imam Iquioussen: les obsessions d’Aly Diouara, investi par LFI à la place de Raquel Garrido
Par Hugues Maillot
Publié le 15/06/2024 à 15:51, mis à jour hier à 11:33
Le compte X de ce Franco-Gambien, fonctionnaire à la mairie de Drancy, est truffé de référence aux «Juifs» et aux «Blancs». Le 30 juin, il briguera le siège de député de l’Insoumise Raquel Guarrido, écartée par LFI.
La Sainte-Alliance des gauches contre l’«extrême droite» n’aura pas mis longtemps à s’étioler. Au lendemain d’un accord ambitieux entre LFI, le PS, les Écologistes, le Parti communiste et même le NPA, la liste des candidats aux législatives publiée par le Nouveau Front Populaire a révélé les premières tensions. Car il avait été convenu que tous les députés sortants seraient réinvestis, et que plusieurs élus insoumis, dont Alexis Corbière et Raquel Garrido, ont en réalité été écartés de la nouvelle composition. Les intéressés ont immédiatement dénoncé une «purge» orchestrée par Jean-Luc Mélenchon contre ceux qui ont eu l’audace de lui tenir tête dans le passé.
Très vite, les ténors de la gauche leur ont emboîté le pas, demandant des clarifications sur ces décisions. Raquel Garrido s’est, elle, directement insurgée contre l’homme investi à sa place, «un pseudo insoumis qui est, à la ville, employé de Madame Lagarde (épouse de Jean-Christophe Lagarde, battu aux dernières législatives par Madame Garrido elle-même, NDLR) à la mairie de Drancy».
Ce lien mis à part, le profil d’Aly Diouara, Franco-Gambien très investi dans la vie associative en Seine-Saint-Denis, interroge, tant il semble obsédé par les «Juifs» et par les «Blancs» sur ses réseaux sociaux.
Le sionisme et les «Juifs»
Aly Diouara est fonctionnaire territorial à la mairie de Drancy. Il est aussi le cofondateur et président du collectif citoyen «La Seine-Saint-Denis au cœur», qui veut «placer les habitantes et les habitants de notre territoire au centre des préoccupations et des débats politiques». En 2022, il s'était présenté aux législatives sous la bannière de son collectif, et avait rassemblé 8,7% des voix au premier tour. Plus récemment, Aly Diouara s’est également beaucoup investi aux côtés de La France insoumise à la Courneuve, dans le cadre des élections européennes. Le parti d’extrême gauche y a récolté son meilleur score, avec 58,12% des voix.
Durant cette campagne, il s’est aussi opposé avec force aux autres partis de gauche, et notamment au Parti socialiste de Raphaël Glucksmann. Parfois avec une certaine ambiguïté. Dans un tweet daté du 12 mai dernier, l’homme appelle à «rejeter avec force et dégoût les discours nationaux de certains de nos dirigeants locaux», et «parmi eux, les élus du Parti socialiste de Seine-Saint-Denis qui font campagne (sans aucune honte) pour le candidat sioniste de la droite libérale de gôche (sic), Raphaël Glucksmann».
Capture d’écran X
En mars 2022, il avait déjà publié un message équivoque à propos des Juifs : «Israël donne son feu vert pour l’accueil de réfugiés ukrainiens... juifs. Euh... Ah ok».
Capture d’écran X
Obsession pour la couleur de peau
Mais la véritable obsession d’Aly Diouara semble bien être la couleur de peau. En août 2022, le fonctionnaire, qui se plaisait visiblement déjà à s’en prendre à la gauche, partageait une photo de plusieurs responsables socialistes et insoumis, dont Olivier Faure, Clémentine Autain et Alexis Corbière. Il écrivait en légende : «Salut les blancs, dites... on vous dérange pas trop dans votre remake de la conférence de Berlin ?», en référence à cette réunion entre plusieurs pays occidentaux en 1884-1885 sur le partage et la division de l’Afrique.
Capture d’écran X
Un mois auparavant, Aly Diouara avait déjà fustigé «tous ces BLANCS qui décident où et comment vont vivre les gueux (noirs, arabes, indo-pakistanais & co)». En septembre 2022, il récidivait : «Salut les blancs». En avril 2024, il reprochait à Bruno Retailleau «d’apporter son soutien à un couple de délinquants blancs et bourgeois», en l’occurrence François Fillon et son épouse, condamnés par la Cour de cassation dans l’affaire des emplois fictifs.
Florilège de l'obsession d'Aly Diouara pour les "blancs"
Soutien de l’imam Iquioussen
Mais ce n’est pas tout. À l’été 2022, Aly Diouara a aussi plusieurs fois apporté son soutien à l’imam Hassan Iquioussen, expulsé vers le Maroc pour des discours «haineux envers les valeurs de la République, dont la laïcité» et «l’égalité entre les femmes et les hommes», ainsi que le développement de thèses «antisémites» et «complotistes autour de l’islamophobie». En juillet 2022, le fonctionnaire franco-gambien estimait ainsi sur X que «l’islamophobie est avant toute chose un racisme d’État», dans un discours proche de celui tenu par les partisans des Frères musulmans. «Mon soutien à l’homme, à ses enfants et petits-enfants et à toutes les victimes de ce climat racistement (sic) hostile», écrivait-il.
Capture d’écran X
Quelques jours plus tard, il avait dénoncé «une chasse à l’homme institutionnelle» contre ce même imam. «Je sais pas si on se rend compte de la violence du délire et le silence politique qui va avec mais c’est de la folie...»