REVUE DE WEB - Site «amateur», design «cheap», après la mise en ligne du nouveau site de Ségolène Royal, le web oscille entre éclats de rire et désolation...
«Rassurez-moi, c'est un fake, un hoax, un bug, une blague? désirdavenir relooké?!!», s’interroge le webproducteur Nicolas Voisin, sur Twitter. La mise en ligne, mardi en fin d’après-midi, de la nouvelle version du site Désirs d’avenir, de Ségolène Royal a semé la stupeur sur le site de micro-blogging.
Après un nombre incalculable d’erreurs 500 ou 503, le site s’affiche finalement. Le communiqué de presse de Désirs d’avenir avait prévenu: «nous travaillons à l’amélioration de notre site. Nous le simplifions, nous apportons de nouvelles fonctions et rubriques comme « rétablir la vérité », les annonces solidaires, les sites décentralisés pour les comités DA… Nous en ferons un nouveau média qui relaiera nos idées, les idées développées lors des Universités populaires et participatives et les échanges au sein des comités.»
«On comprend pourquoi les Américains ont peur des socialistes»
Pour le moment, les internautes n’ont pas l’air convaincus par cette démarche. «En voyant http://www.desirsdavenir.com, on comprend pourquoi les Américains ont peur des socialistes», note Thomas Deniau, un étudiant, sur Twitter.
Premier choc: le design. Un coucher de soleil - visiblement un fond d'écran d’ordinateur récupéré sur le net- sert d'image de fond en page d'accueil. Sur son blog politique, Marc Vasseur y voit un «revival des années 90». «On pourrait penser à un faux grossier, une blague de potaches... non ce truc hideux a coûté près de 40.000 euros...», poursuit-il. D'autres, à l'instar du blogueur Embruns, y trouve une ressemblance avec un site de secte: «Mon mari rentre du boulot, voit le site DA à l'écran : "C'est le site des Témoins de Jehovah?"».
A tel point que certains s'interrogent sur un possible piratage du site, même dans les médias: «Histoire de vérifier s'il ne s'agissait pas d'un piratage du véritable site, Rue89 a quand même contacté l'entourage de Ségolène Royal, qui nous a confirmé qu'il ne s'agissait pas d'une attaque malveillante, mais bien du nouveau site», peut-on lire sur le site de Rue89.
«Design cheap, glauque et peu engageant»
«Toutes les fautes ont été accumulées», estime pour sa part Net & Sans détour, «design cheap, glauque et peu engageant, concept erroné de la splash page, des liens vides et mal renseignés».
Et les fautes ne concernent pas que le design. L’architecture du site Internet est basique, note-on sur Internet, proche de celle d’un blog. Et au moment du lancement, toutes les rubriques ne fonctionnaient pas... Il n’en faut pas moins pour faire réagir les Internet, qui le trouvent très «cheap», à l’instar de Lesmotsdicy.fr, qui détaille: «Quand on clique sur les sous-menus, on arrive sur un site dont le moteur est Joomla, le CMS gratuit en vogue actuellement. Et le thème est un thème prédéfinit par Artisteer (...). Donc là encore, pas trop de travail graphite pour le webmaster ou le programmeur.»
«Vous vous êtes fait entuber bien profond»
Jambon buzz s’inquiète également d’un autre aspect: le référencement. «Ce nouveau site est une catastrophe pour un référencement qui n’avait pas l’air mauvais. (...) un site laid, illisible par les moteurs de recherches et fortement attaquable (un simple faille joomla dans google vous donnnera la procédure à suivre).» Il conclut avec un «message au donneur d’ordre de ce site : vous vous êtes fait entuber bien profond.»
Enfin, dernière interrogation sur le Net: où est passé le participatif, qui pourtant faisait la force de Désirs d'avenir, ancienne version? «Alors que tout le monde prône la démocratie participative, ce nouveau site est un vrai site, c’est à dire qu’il est impossible de laisser un seul commentaire», déplore Les Mots d'Icy.
«Presque un suicide numérique»
Sur le site de micro-blogging, Embruns interpelle Désirs d’avenir «@desirsavenir Dites moi que c'est une formidable opération de buzz marketing, svp! J'arrive toujours pas à y croire vraiment.»
«C'est presque un suicide numérique : née sur Internet elle y sombre ... Assez triste quand même ; quel gâchis...», conclut, sur Twitter, Benoît Thieulin, ancien animateur de la campagne en ligne de Ségolène Royal.
Les parodies pullulent
La première stupeur passée, le web a évidemment rebondit sur ce buzz, avec la mise en ligne de multiples parodies et autres propositions de designs pour Ségolène Royal.
Enfin, pour ceux qui veulent prendre les accusations de fraude au PS avec humour, un jeu intitulé «bourre les urnes» propose aux internautes de donner un coup de main à Ségolène Royal ou Martine Aubry (au choix), pour améliorer leurs scores aux élections...
Oriane Raffin