Le candidat socialiste n'a pas été reçu vendredi par le premier ministre polonais, Donald Tusk
Les visites de capitales européennes, pour François Hollande, se suivent et se ressemblent. Après Madrid, Berlin, Rome et Londres, le candidat socialiste achevait à Varsovie, vendredi 9mars, sa quête continentale de présidentialité.
Reçu quarante minutes par le président Bronislaw Komorowski, François Hollande ne l'a pas été, comme espéré initialement, par le premier ministre conservateur, Donald Tusk. Tout comme il avait été snobé par Angela Merkel, Mario Monti et David Cameron.
Un camouflet diplomatique de plus que M. Hollande s'est employé à déminer. «J'ai été reçu par le président de la République polonaise. Je suis moi-même candidat à la présidence. J'ai considéré très modestement que c'est le bon niveau pour la relation que je veux entretenir avec les autorités polonaises », a-t-il évacué, sans préciser que le chef du gouvernement détient ici le pouvoir exécutif.
Quant à l'entente cordiale entre conservateurs, évoquée par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui publiera d'ailleurs lundi un entretien avec le candidat socialiste, celui-ci a, c'est une habitude, ironisé : «Je comprends la prudence, je comprends les amitiés. Le devoir de solidarité me touche, tout particulièrement à l'égard du candidat sortant. » Sans rancune, pourtant «J'essaierai d'avoir le meilleur rapport avec les chefs d'État et de gouvernement. Et même avec ceux qui ne m'auraient jamais reçu avant l'élection présidentielle », a promis M. Hollande. S'agissant des marges de manœuvre dont il disposera pour réorienter la construction européenne, il estime que son élection lui offrirait les coudées franches: «Le nouveau chef de l'État a forcément une légitimité que n'a pas le président sortant. »
Le staff de M. Hollande avait également prévu une «déambulation» dans les rues du ghetto de Varsovie. Sans savoir que, à part quelques façades d'immeubles, celui-ci n'existe plus depuis longtemps. Le candidat s'est rabattu sur le monument édifié à l'emplacement de la gare qui vidait le ghetto de Varsovie à destination de Treblinka.
Puis il a filé pour un débat avec l'ex-président Alexandre Kwasniewski et l'intellectuel Adam Michnik, où il a fait pénitence pour les «déclarations malheureuses» entendues en France en 2005 sur les plombiers polonais : «Je veux dire aux plombiers que nous n'avons rien contre cette corporation et rien contre la Pologne. » Fin de l'opération séduction à l'Est, et des déplacements à l'étranger.
François Hollande, qui recevra le 17mars plusieurs dirigeants sociaux-démocrates européens, entend dire à cette occasion «ce [qu'il] attend des prochaines étapes de la construction européenne ».
Quant à l'éventualité de revenir en Pologne, une fois élu, pour y soutenir l'équipe de France de football à l'occasion de l'Euro 2012,M. Hollande a plaisanté, en référence à sa proposition de taxation à 75% des hauts revenus, qui concerne certains footballeurs : « Vous avez peur que je sois mal reçu ?Ne vous inquiétez pas, je ferai la quête...»
David Revault d'Allonnes
Le Monde – 12-03-12