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  • Le mystérieux pactole du Parti socialiste du Pas-de-Calais

    Le Figaro – 8 Janvier 2013

     

    Dans le Nord-Pas-de-Calais, les dérives des têtes de file du PS vont occuper au cours des mois prochains pas moins de trois juridictions, dont l'une des plus importantes de France.

    Les policiers, qui enquêtent sous la direction du parquet de Lille, ont récemment mis à jour de nouveaux dysfonctionnements, visant notamment Jean-Pierre Kucheida, leader de fait de la fédération «62», la plus importante du Parti socialiste.

    La justice tente en effet d'y voir plus clair sur l'existence d'un éventuel système de financement illégal, dénoncé notamment par le maire PS déchu d'Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, dont le procès, qui s'annonce à haut risque, est désormais prévu dans trois mois. Pas moins de quatre enquêtes préliminaires sont menées par le parquet de Lille, des enquêtes dans lesquelles revienne systématiquement le nom de… Jean-Pierre Kucheida, ancien mentor de Gérard Dalongeville.

    Ces dossiers, dont trois sont bien avancés, doivent être regroupés d'ici à la fin du mois et transmis à l'instruction. Deux magistrats seraient alors cosaisis de l'affaire, le doyen de l'instruction, ainsi qu'Ida Chafaï, magistrate plus spécialisée dans les aspects financiers, dont le nom est connu pour avoir participé à l'enquête DSK.

     

    Favoritisme

    Les dernières investigations policières ne corroborent en effet pas les conclusions de l'ancien ministre socialiste Alain Richard, missionné au printemps dernier par son parti pour analyser le fonctionnement de la fédération à la réputation ternie à la fois par Gérard Dalongeville et par les déclarations d'Arnaud Montebourg. Alors que le sénateur avait simplement signalé l'existence de 120.000 euros parvenus sous forme de liquidité dans les caisses de la fédération - fruit des cotisations selon l'élu, qui avait exclu l'hypothèse de la corruption -, les enquêteurs eux ont compté pas moins de 278.000 euros au total au 31 décembre 2011.

    Au cours des perquisitions menées dans les locaux de la section PS de Liévin, ils ont également saisi des documents montrant que le parti avait lui-même mis la main à la poche pour la défense de Jean-Pierre Kucheida lors de sa mise en cause pour l'utilisation, a des fins personnelles, de la carte bancaire de la Soginorpa, un organisme gérant 62.000 logements sociaux dont il a longtemps assuré la présidence. Le député sortant et maire de Liévin devra répondre dès le mois d'avril, à Douai, en correctionnelle, des quelque 47.000 euros dépensés par lui sur cette carte en Corse, ou dans de grands restaurants, notamment.

    Deux factures de conseil émises par un grand cabinet parisien ont été adressées au PS de Liévin, l'une de 11.560 euros et l'autre de 10.294 euros. Les talons de chèques correspondants émis à partir du livret bleu de la fédération ont été retrouvés au nom du cabinet…

    Si les enquêteurs ne sont pas à ce jour parvenus à établir un système global de financement par les entreprises du bassin minier tel que dénoncé par Gérard Dalongeville, ils ont néanmoins mis à jour de nombreuses infractions de favoritisme. Dans leur viseur, se trouve le nom de l'une des plus grosses entreprises de BTP du Pas-de-Calais - qui apparaît aussi dans le dossier Dalongeville -, ainsi que l'office public Pas-de-Calais Habitat, un organisme visé également par la Cour régionale des comptes, et dans lequel a longtemps siégé Jean-Pierre Kucheida. «La technique est toujours la même pour favoriser telle ou telle entreprise, détaille un enquêteur : définir des critères et des sous-critères sur mesure pour les sociétés amies.»

    Pas-de-Calais Habitat a également fait preuve d'une générosité non conforme à ses statuts en prenant en charge des frais tels que 800 euros de chasse à l'œuf et 1 370 euros d'achats destinés à fêter Halloween pour une association de Lens, ou encore en investissant pas moins de 34.235 euros en places présidentielles pour le Racing Club de Lens, durant la saison 2008-2009. Gérard Dalongeville, qui jure à la veille de son procès qu'il ne tombera pas seul, finira peut-être par avoir raison.