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  • La contestation chez les socialistes, "un mouvement qui commence", selon Baumel)

    PARIS, 26 août 2014 (AFP) - La contestation de la politique gouvernementale dans les rangs socialistes est "un mouvement qui commence" et si elle s'élargit à l'automne, elle contraindra l'exécutif à "revoir sa politique", a estimé mardi sur France Info le député frondeur Laurent Baumel.

    "C'est un mouvement qui commence, je pense qu'à l'automne prochain, nous serons encore plus nombreux", a estimé le député, qui était interrogé sur l'action des frondeurs au printemps.

    "Un certain nombre (de députés socialistes) vont certainement continuer à considérer qu'ils doivent une sorte de loyauté mécanique au gouvernement, parce que c'est l'esprit de nos institutions, mais il n'est pas impossible, avec l'approfondissement de la crise économique et de la crise politique qu'un certain nombre de parlementaires prennent leurs responsabilités et disent: +nous, cette fois-ci, on ne votera pas, on ne votera pas s'il n'y a pas des inflexions ou rééquilibrage", a-t-il ajouté.

    "Si nous sommes encore plus nombreux (qu'au printempps) à pousser dans ce sens, je pense que le gouvernement sera amené à revoir sa politique", a-t-il avancé: "C'est ça le sens de notre action".

    Selon lui, "nous sommes dans un épisode inédit de la Ve République où des parlementaires de la majorité, qu'on a habitué à voter au carré sans se poser de questions, prennent leurs responsabilités, s'émancipent".

    Laurent Baumel a enfin qualifié l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée nationale de "menace infantile qu'on fait peser sur les parlementaires".

     

    François Hollande, a-t-il commenté d'autre part, "a fait confiance, à mon sens de façon un peu naïve (...), au Medef qui lui a vendu, en contrepartie d'une baisse massive des charges et des impôts, un engagement des entreprises françaises à créer des emplois qui bien sûr ne vient pas".

  • Un nouveau gouvernement annoncé mardi pour sortir d'une crise politique sans précédent

    PARIS, 26 août 2014 (AFP) - Sortir d'une des pires crises de la Ve République: c'est l'enjeu de la formation mardi du nouveau gouvernement Valls qui aura la lourde tâche d'assumer, devant une majorité plus divisée que jamais, le cap économique fixé par François Hollande.

    François Hollande et Manuel Valls devraient mettre la dernière main à cette nouvelle équipe lors d'un déjeuner à l'Elysée à 13h00. M. Hollande souhaite un "gouvernement de clarté" sur la "ligne et les comportements", a expliqué l'Elysée mardi. "Ce ne sera pas un grand remaniement", a prédit mardi matin le porte-parole de la précédente équipe, Stéphane Le Foll.

    Trois portefeuilles importants au moins changeront de titulaire: Économie, Éducation nationale, Culture, détenus jusqu'ici par Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti. Leur critique de la ligne économique a généré la plus grande crise politique du quinquennat, après les soubresauts suscités par la démission en 2013 de Jérôme Cahuzac, soupçonné de fraude fiscale.

    Christiane Taubira (Justice), donnée partante par certains, devrait, elle, in fine rester au gouvernement.

    Moins de cinq mois après la nomination de M. Valls à Matignon, les deux têtes de l'exécutif ont décidé de trancher dans le vif, lundi, le désaccord entre la ligne officielle - restaurer la compétitivité du pays en aidant les entreprises et en coupant dans les dépenses publiques - et la ligne alternative portée par les exclus, hostiles à "la réduction à marche forcée des déficits publics".

    Après MM. Montebourg et Hamon, Aurélie Filippetti a expliqué les raisons de son départ mardi matin. Le rôle de la gauche est, pour elle, de "porter une politique économique alternative" à celle "menée partout en Europe et qui conduit à une impasse". Pour autant, les trois ministres ne souhaitaient pas "un changement complet, radical" de cap mais "une répartition un peu différente des efforts" en faveur du pouvoir d'achat, selon elle.

    La décision du tandem de l'exécutif, déterminé à imposer son autorité, survient alors que François Hollande, mais aussi Manuel Valls, sont englués dans l'impopularité, selon les sondages, sur fond de marasme économique persistant: une croissance à l'arrêt au premier semestre et un chômage au plus haut. Les chiffres mensuels dévoilés mercredi devraient à nouveau être mauvais.

    "D'accord sur le fond" avec le trio des bannis, le député PS Henri Emmanuelli, figure historique de la gauche du PS connu pour sa liberté de ton, a lui-même jugé inévitable ce remaniement après le "show médiatique" de ces derniers jours.

    Après l'acte d'autorité posé par le tandem exécutif, la logique voudrait que la gauche du PS, et plus largement le mouvement des "frondeurs", parmi lesquels des proches de Martine Aubry, ne soient pas représentés au gouvernement. Autant dire que la majorité parlementaire du gouvernement risque de s'effriter dangereusement, malgré les déclarations de loyauté de Benoît Hamon et Aurélie Filippetti.

    - Des doutes sur la majorité à l'Assemblée -

    Sauf coup de théâtre, les écologistes d'EELV ne seront pas non plus présents en tant que tels dans le gouvernement Valls II. Pour leur numéro un, Emmanuelle Cosse, "les conditions sont encore moins réunies aujourd'hui qu'en avril". Mais certains parlementaires écologistes, tels Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili et François de Rugy, avaient amèrement et publiquement regretté le départ du gouvernement lors de la nomination de Manuel Valls.

    Seuls les radicaux de gauche du PRG semblent certains de rester associés à l'action gouvernementale, comme dans la précédente équipe dans laquelle ils avaient trois représentants. Leur dirigeant, Jean-Michel Baylet a été reçu mardi matin une nouvelle fois par M. Valls.

    A l'Assemblée nationale, le groupe PS et apparentés compte 290 députés, celui du PRG et apparentés, 15, alors que la majorité absolue est de 289. Mais cette crise politique nourrit les doutes quant à la pérennité d'une majorité acquise à François Hollande et Manuel Valls, qui a déjà eu à déplorer jusqu'à 41 défections parmi les parlementaires socialistes sur le programme d'économies présenté en avril.

     

    L'UMP, par la voix de son secrétaire général intérimaire Luc Chatel, n'appelle pas à la dissolution de l'Assemblée nationale, réclamée à cor et à cri par le Front National.

  • Montebourg, Hamon, Filippetti, des électrons libres à l'avenir politique incertain

    PARIS, 26 août 2014 (AFP) - Ils avaient manoeuvré il y a cinq mois pour imposer Manuel Valls à Matignon. Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti se retrouvent désormais dans la position d'électrons libres de la majorité, avec la possible tentation de fédérer les opposants à la ligne économique du gouvernement.

    Quel sera l'avenir politique des trois ministres sortants du gouvernement ? Arnaud Montebourg, qui veut retourner "travailler parmi les Français", a assuré qu'il n'avait plus de mandat. En réalité, il est toujours conseiller général de Saône-et-Loire et le président du département, Rémi Chaintron (PS), s'est dit prêt à lui "rendre (son) fauteuil", occupé jusqu'en 2012. Benoît Hamon, lui, va retrouver sa place de député de la 11e circonscription des Yvelines. De même, Aurélie Filippetti redevient dans un mois députée de la 1ère circonscription de Moselle.

    "Dans l'immédiat, Benoît Hamon va prendre du recul, de la hauteur, pour produire quelque chose, tracer des perspectives", affirme à l'AFP Guillaume Balas, secrétaire général du courant "Un monde d'avance", fondé par M. Hamon en 2008. M. Montebourg "va prendre un peu de distance", assure aussi de son côté Arnaud Leroy, député proche de l'ex-ministre de l'Economie.

    Pour ensuite prendre la tête de ces députés socialistes "frondeurs" ? Depuis avril, ces élus réclament de modifier la ligne économique fixée et se retrouvent dans les positions des deux ex-ministres qui incarnaient l'aile gauche du parti au sein du gouvernement.

    "Benoît Hamon aura une place éminente à l'Assemblée nationale mais cela ne veut pas dire forcément qu'il sera le leader des frondeurs", estime M. Balas. "Certes, ils se sont appelés (avec Mme Filippetti et M. Montebourg), mais ils ne sont pas dans la constitution d'un axe", confie l'entourage de l'ex-ministre de l'Education.

    "Il y aura certainement des discussions, c'est un secret de Polichinelle. Après, il faudra voir la forme que cela prendra", tempère M. Leroy.

    -'Pas une question de leadership'-

    Christian Paul, l'un des députés "frondeurs", qui porte régulièrement la parole du mouvement devant les médias, balaie la question: "l'actualité n'est pas là". Et selon lui, "il n'y a pas une stratégie qui sortirait, dans cette semaine douloureuse, de la tête des uns et des autres". "Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'une question de leadership, mais de ligne politique".

    "Pour nous, pas question de se mettre comme des petits soldats derrière Benoît Hamon et Arnaud Montebourg sous prétexte qu'ils ont compris les choses au bout de deux ans et demi", prévient un membre du courant "Maintenant la gauche", arrivé deuxième au congrès de Toulouse de 2012 .

    Et à plus long terme ? M. Montebourg a toujours déclaré que la "présidentielle est la seule élection à laquelle (il) envisage de (se) représenter un jour".

    "S'il y a une primaire qui s'ouvre" pour 2017, "ça le titille de repartir", confiait juste avant Frangy-en Bresse un de ses proches. Il avait réuni 17% des voix en 2011. Mais il compte peu de troupes au sein du PS ou au Parlement.

    Pour M. Hamon, l'avenir est aussi compliqué. Il a déçu une partie de ses "amis", qui lui reprochent d'avoir été trop loyal pendant ses deux ans et demi au gouvernement (hormis dimanche dernier) et en participant à la motion majoritaire au congrès de Toulouse, provoquant la naissance de deux ailes gauche concurrentes. Mais pour M. Balas, "il reprendra une place éminente au sein d'"Un monde d'avance"". "Il a choisi de privilégier ses idées" en quittant le gouvernement, se félicite-t-il.

    Quand à l'ex-écologiste Aurélie Filippetti, ses réseaux sont minces au sein du parti.

    En attendant, tous trois ont prévu de se rendre à La Rochelle pour intervenir comme prévu dans le programme.

     

    Et, hasard de calendrier: les 4 et 5 octobre, M. Hamon et M. Montebourg tiendront chacun une université de rentrée, le premier dans les Landes et le second à Laudun-L'ardoise (Gard).