Le parlementaire de Seine-Saint-Denis est soupçonné d’escroquerie dans l’enquête sur les comptes de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, d’après une source proche du dossier.
À la traîne dans les intentions de vote à moins de six mois de la présidentielle, LFI a déjà bien des problèmes sur les bras. Le parti du candidat Jean-Luc Mélenchon doit en plus se dépatouiller du cas Bastien Lachaud. Le député de Seine-Saint-Denis a été mis en examen dans le cadre de l’enquête sur les comptes de la campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon. Le parlementaire est poursuivi principalement pour «prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d’escroquerie», ont précisé des sources proches du dossier ce jeudi, confirmant une information initiale de Mediapart.
Bastien Lachaud, salarié en tant que trésorier de l’Ère du peuple – l’association prestataire logistique au service du candidat Mélenchon lors de la campagne présidentielle de 2017 – aurait dû être, comme trois autres employés, dont la députée Mathilde Panot, rémunérés par la campagne de Jean-Luc Mélenchon ou le parti LFI, estime le juge d’instruction en charge du dossier. Mathilde Panot et Bastien Lachaud, devenus députés depuis, étaient en même temps membres de l’équipe de campagne. Et la justice soupçonne l’Ère du peuple de surfacturations abusives.
Une information judiciaire est ouverte au tribunal de Paris depuis novembre 2018 sur l’usage des fonds publics lors de la dernière campagne du chef de file des Insoumis. «Mettre en examen un salarié d’une structure pour prêt illicite de main-d’œuvre, ce qui équivaut à dire que le salarié se serait lui-même prêté, c’est totalement absurde», a réagi Me Mathieu Croizet, avocat de Bastien Lachaud. «Le faux reproché n’est qu’un habillage de cette infraction qui n’existe pas», a ajouté Me Mathieu Croizet, annonçant déposer prochainement une requête pour faire annuler les poursuites.
À l’été, l’Ère du peuple et sa mandataire financière, Marie-Pierre Oprandi, ont été également mis en examen, mais uniquement pour «prêt illicite de main-d’œuvre». Le juge d’instruction a placé l’association et Marie-Pierre Oprandi, poursuivie aussi pour «usage de faux», sous le statut plus favorable de témoin assisté pour les principales infractions de cette enquête portant sur des soupçons d’«escroquerie aggravée», d’«abus de confiance» ou de «financement illégal de campagne».
La Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) avait relevé une différence de 152 688 euros entre les salaires versés et les montants facturés au mandataire. Chargée de valider le remboursement des dépenses des candidats avec l’argent public, la commission avait refusé de rembourser la marge réalisée par l’association, à but non lucratif, et avait signalé les faits à la justice.