Alors que la candidate du PS à la présidentielle doit se rendre à Lille dimanche, le premier secrétaire départemental, Benjamin Saint-Huile, a annoncé qu’il ne la parrainerait pas et quittait le parti
Le Monde - Publié le 4 février 2022 à 17h15, mis à jour à 18h13
Nouveau coup dur pour la campagne de la socialiste Anne Hidalgo. Et cette fois-ci, il vient de son propre parti. Alors qu’elle doit se rendre à Lille dimanche 6 février pour rencontrer notamment la maire de la ville, Martine Aubry, elle a été la cible d’une lourde charge vendredi de la part du premier secrétaire de la fédération du Nord du Parti socialiste (PS), Benjamin Saint-Huile.
Ce dernier a convoqué la presse dans la mairie de Jeumont qu’il dirige afin d’annoncer qu’il ne parrainerait pas Anne Hidalgo pour la présidentielle et quittait le PS, dénonçant une « candidature discréditée par les électeurs de gauche eux-mêmes ». M. Saint-Huile faisait notamment référence à la cinquième place de la candidate socialiste à la Primaire populaire, derrière l’eurodéputé Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne). « Je crains qu’à force de surdité » cette élection ait pour le PS un « caractère létal », a-t-il insisté.
Au-delà d’Anne Hidalgo et du PS, il regrette que la gauche offre « un spectacle désolant ». « On sacrifie les espoirs du peuple de gauche sur l’autel de la désunion et de l’intérêt partisan. Je le regrette avec amertume, avec force. Je n’accepte plus ce jeu de duperie où l’on fait croire aux militants que tout ira bien », a-t-il ensuite taclé.
Benjamin Saint-Huile juge donc qu’il faut « dire stop, en étant fidèle à ses valeurs », et a appelé à « créer les conditions du rassemblement » à gauche. S’il critique « le montage méthodologique » de la Primaire populaire, remportée dimanche par Christiane Taubira, le chef départemental du PS estime que cette initiative a envoyé des « signaux forts », notamment « la volonté de rassemblement à laquelle les partis restent sourds ». M. Saint-Huile a également précisé qu’il ne donnerait son parrainage à « personne » parce que les acteurs de gauche « sont collectivement responsables ».
Alors qu’au même moment le compte Twitter d’Anne Hidalgo relayait les tweets d’élus qui lui apportaient leur parrainage, Martine Aubry tentait de minimiser ce départ et cette charge à deux mois de l’élection présidentielle. Selon la maire de Lille, s’adressant à l’Agence France-Presse (AFP), cela n’aura « aucun effet » sur la campagne de Mme Hidalgo.
Le secrétaire – qui dirigeait également le groupe d’opposition Gauche républicaine et écologique au conseil régional des Hauts-de-France – « n’a jamais totalement pris ses fonctions, sans doute parce que surchargé. Cela n’a pas empêché la fédération de travailler », a-t-elle poursuivi, ajoutant que M. Saint-Huile n’avait jamais évoqué auparavant « de problèmes ou de divergences politiques ».
Il s’agit d’une « décision brutale, non concertée, ce que je regrette », a déclaré de son côté à l’AFP Patrick Kanner, sénateur PS du Nord. « C’est un événement politique important mais qui sera surmonté dans les soixante-douze heures » avec la réunion du conseil fédéral, a-t-il toutefois nuancé. Qui restera cependant comme un épisode supplémentaire dans une campagne en forme de chemin de croix pour Anne Hidalgo.