MARSEILLE, 10 septembre 2014 (AFP) A 15 jours des élections sénatoriales, la gauche marseillaise voit ressurgir le mauvais souvenir de sa cuisante défaite aux municipales de mars avec le rejet possible de ses comptes de campagne, dont une version a été déposée hors délai.
Dans un courrier adressé aux têtes de liste de la gauche --sept PS et un EELV-- dans les huit secteurs de la ville lors des dernières municipales, le rapporteur de la commission nationale des comptes de campagne prévient qu'il demandera à la CNCCFP le rejet de leurs comptes.
En cause, selon ce courrier adressé à l'une de ces têtes de liste et que l'AFP a pu consulter, le dépôt au-delà de la date limite --le 30 mai-- de comptes rectificatifs pour les candidats de gauche. Aucune modification des comptes n'est possible après cette date, rappelle le rapporteur dans ce courrier.
"D'après ce que j'ai compris, il y aurait eu une erreur du comptable dans le dépôt des comptes", a déclaré à l'AFP Jean-David Ciot, premier secrétaire de la fédération PS des Bouches-du-Rhône, précisant qu'une réunion était prévue vendredi entre les huit candidats et l'expert-comptable en question, qui est celui auquel fait habituellement appel le Parti socialiste.
Pour les huit têtes de liste, l'enjeu est important: si leurs comptes sont rejetés, ils devront faire une croix sur le remboursement par l'Etat de quelque 500.000 euros, selon une source proche du dossier. La saisine automatique par la commission du juge de l'élection pourrait aussi entraîner leur inéligibilité pour une durée pouvant aller jusqu'à trois ans, et les obliger à quitter les mandats de conseillers municipaux ou communautaires qu'ils occupent depuis les municipales.
Pour la sénatrice PS Samia Ghali, qui avait été en mars la seule candidate de gauche à conserver sa mairie de secteur, la révélation du courrier du rapporteur de la commission des comptes de campagne tombe en outre à un très mauvais moment, alors qu'elle est candidate à sa réélection dans 15 jours au Sénat.
"Je souhaite préciser que le dialogue se poursuit avec le rapporteur de la commission nationale des comptes de campagne", a réagi de son côté dans un communiqué le député PS Patrick Mennucci, tête de file de la gauche en mars.
Assurant de sa "parfaite bonne foi" M. Mennucci a toutefois reconnu auprès de l'AFP un "problème technique", affirmant n'avoir lui-même pas reçu le courrier en question.
"Le compte est toujours à l'instruction et la commission n'est en aucun cas engagée par les propositions du rapporteur. La proposition du rapporteur est vraiment débattue, et la décision sera prise à la majorité des membres", a réagi de son côté auprès de l'AFP la CNCCFP.
Dans la grande majorité des cas toutefois, l'avis du rapporteur est suivi par la commission, qui a jusqu'au 30 novembre pour rendre sa décision.
Le PS et son allié EELV, avec le député PS Patrick Mennucci comme chef de file, avaient essuyé une cuisante défaite, seule la sénatrice Samia Ghali ayant été réélue dans son secteur. Le maire UMP Jean-Claude Gaudin avait été réélu pour la quatrième fois à la mairie de la ville.