POITIERS, 22 août 2012 (AFP) - Les débats au premier jour de l'université d'été d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) se sont emballés à propos de la question du traité budgétaire européen, dénoncé par nombre de ténors écologistes au grand dam de Daniel Cohn-Bendit.
"Toutes les critiques qu'on peut faire sur ce traité je les comprends et je peux les partager", a déclaré Daniel Cohn-Bendit en préambule de la plénière intitulée "de la crise de l'euro à la crise de l'Europe : quel chemin pour en sortir ?".
"Ce traité est important pour que les opinions publiques allemandes, hollandaises et finlandaises acceptent la mutualisation de la dette", a expliqué Daniel Cohn-Bendit. "Mais sans ce traité, il n'y aura pas de mutualisation de la crise", a-t-il ajouté.
Le coprésident du groupe Verts au Parlement européen a ainsi enchaîné les arguments pour convaincre un amphithéâtre comble, car le sujet divise au sein d'EELV.
Suzanne George, présidente d'honneur d'Attac a été fortement applaudie. Ulrike Guerot, polititologue allemande a été applaudie et huée lorsqu'elle a annoncé "vous avez quelque chose à mettre sur la table avant que l'Allemagne ne signe le mariage".
Même accueil entre huées et applauddissements pour la député EELV Daniele Auroi qui annonce ne "pas savoir quoi faire" et donc "s'abstenir" ou encore Yannick Jadot, eurodéputé demandant d'avoir "le courage de la responsabilité".
Au premier rang, Eva Joly a a écouté attentivement avant d'être invitée à intervenir lors des questions. "Le traité privilégie les rentiers et ce sont les salariés et les retraités qui vont payer", a-t-elle déclaré après avoir été ovationnée par le public.
Sa participation au débat s'était faite dans une interview au journal Libération mercredi matin où l'ex-candidate EELV a la présidentielle préconise un référendum.
"difficile de peser" face au PS
"Eva Joly a le droit de dire n'importe quoi (...) elle n'a qu'à faire un référendum sur l'euro en Norvège", avait rétorqué sur France Inter Daniel Cohn-Bendit.
Cet échange par médias interposés a donné la tonalité de la journée.
Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat, qui s'est dit cet été partisan d'un "non fédéraliste" au traité a maintenu sa position. "Nous soutenons le gouvernement mais soutenir c'est aussi dire ce qu'on pense", estime le sénateur de l'Essonne.
François de Rugy, président du groupe écologiste à l'Assemblée n'est pas non plus favorable au traité. "Sur le fond, le texte n'est pas bon", acquiesce Sergio Coronado député EELV.
Selon lui, la majorité des militants EELV "sont plutôt contre" le traité.
"Etre dans le gouvernement c'est aussi, dans les moments difficiles, accepter les choses qu'on aurait peut-être faites autrement", répond Daniel Cohn-Bendit.
La place des écologistes au gouvernement est notamment le sujet d'une plénière jeudi avec comme participants les deux écologistes de l'équipe Ayrault, Cécile Duflot, la ministre du Logement et de l'Egalite des territoires, et Pascal Canfin (Développement).
"C'est difficile de peser quand un parti (le PS, ndlr) détient tous les pouvoirs", reconnaît Jean-Vincent Placé. Pour le président du groupe EELV au Sénat, "être dans la sincérité du débat est plus utile au gouvernement que d'approuver en levant la main".
Daniel Cohn-Bendit voit plutôt l'occasion de dire au gouvernement "nous sommes prêts à faire quelque chose de difficile avec vous si vous êtes prêts à faire quelque chose de difficile avec nous".
La plénière de jeudi pourrait apporter quelques réponses.