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La gauche la plus bête du monde - Page 24

  • Valls: le PS doit "régler le problème du chef" s'il veut s'en sortir

    PARIS, 21 juil 2009 (AFP) - Le député PS Manuel Valls, en conflit ouvert avec la première secrétaire du parti Martine Aubry, a estimé mardi que son mouvement devait "régler le problème du chef", sans quoi il ne parviendra pas à sortir de la crise qu'il traverse.

    "Les organisations politiques sont mortelles et si nous ne nous sommes pas capables de nous dépasser, de faire un effort intellectuel, politique sur nous-mêmes, alors oui nous risquons un jour de disparaître", a déclaré l'élu de l'Essonne sur France 2.

    "Plus la crise au Parti socialiste s'accentue, plus il faut un changement profond, un dépassement, une autre formation. Qui parte de ce que nous sommes - de ses élus, ses réseaux d'élus, ses militants - mais qui s'ouvre sur la société", a-t-il poursuivi.

    "Tant que nous n'avons pas réglé le problème du leadership, du chef, de l'équipe capable de porter ce projet et ces idées, nous ne nous en sortirons pas. C'est la raison pour laquelle j'ai annoncé ma candidature à des élections primaires" à gauche pour la présidentielle de 2012, a encore dit le député.

    Martine Aubry a récemment sommé Manuel Valls de cesser ses critiques à l'encontre du parti, sans quoi elle lui demande de quitter le PS, accentuant encore la crise de leadership que traverse depuis des mois la principale formation d'opposition.

  • Crise au PS: "assez des attitudes morbides" (Ayrault)

    PARIS, 21 juil 2009 (AFP) - Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault a dénoncé mardi les "attitudes morbides" de certains responsables de son parti consistant à "s'autoflageller" alors que "notre rôle est de jouer notre fonction de parti d'opposition".

    "Je préfèrerais que tous les socialistes soient" à l'Assemblée pour protester contre le texte de loi Hadopi contre le piratage sur internet "plutôt que de s'envoyer la vaisselle à la figure", a déclaré Jean-Marc Ayrault sur Europe 1.

    "Il y en a assez des attitudes morbides, où l'on est là en train de s'autoflageller, de s'autodénigrer, alors que notre rôle est de jouer notre fonction de parti d'opposition", a-t-il dit.

    Interrogé sur le souhait du député PS de l'Essonne Manuel Valls de changer le nom du parti, Jean-Marc Ayrault a jugé qu'on ne pouvait "pas se réclamer de Jean Jaurès en permanence, y compris le président de la République puis tout à coup découvrir que le mot socialiste est ringard".

    Ce terme "est plus actuel que jamais, simplement il faut lui donner du contenu, des réponses aux questions de notre temps", a poursuivi le député-maire de Nantes.

    "Quand on ne s'aime pas soi-même comment voulez-vous que les Français nous aiment", a-t-il conclu.

  • PS : Martine Aubry, "gardien" d'une "maison morte", selon Bernard-Henri Lévy

    PARIS, 18 juil 2009 (AFP) - Bernard-Henri Lévy a qualifié la première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry de "gardien" d'une "maison morte", jugeant qu'il fallait "dissoudre" le PS et "en finir le plus vite possible" avec "ce grand corps malade". "A quoi bon se voiler la face? On est à la fin d'un cycle. Le PS est dans la situation du PCF de la fin des années 1970, quand la désintégration s'amorçait et qu'on tentait de la conjurer par des formules incantatoires sur - déjà - la +refondation+, la +rénovation+", a déclaré le philosophe, dans une interview au JDD à paraître dimanche. Martine Aubry est "sûrement quelqu'un de très bien", poursuit-il, mais "elle est dans le rôle de gardien de la maison morte et elle n'y peut rien". Sur le "rappel à l'ordre" de la patronne du PS à Manuel Valls cette semaine, il juge que "le socialisme termine en caporalisation". Pour lui, M. Valls "a raison : il faut, de toute urgence, changer le nom" du PS. Le député de l'Essonne "fait partie, comme (Ségolène) Royal, comme (Dominique) Strauss-Kahn, comme d'autres, de ceux qui peuvent être à l'origine du big bang et reconstruire sur les ruines". "Le PS va mourir ? Non. Il est mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait", martèle-t-il. "J'ai rarement vu des politiques mettre autant d'énergie à s'autodétruire. Si ça ne concernait qu'eux, ce ne serait pas trop grave. Mais il s'agit de l'alternative à Nicolas Sarkozy, de l'espérance des gens", dit-il. Il faut "dissoudre" le PS, "en finir, le plus vite possible maintenant, avec ce grand corps malade", souhaite l'auteur de "Ce grand cadavre à la renverse" en 2007. BHL estime que "sans des primaires à la française, sans une vaste consultation ouverte, populaire, jamais ne s'enclenchera le processus aboutissant à ce nouveau parti de gauche qui rompra avec la machine à perdre". Il confie enfin avoir voté PS aux européennes du 7 juin "par habitude, sans y croire, et en ayant le sentiment qu'on essayait de réanimer un cadavre". "J'aurais pu voter pour Dany (Cohn-Bendit)", "mais il y avait cette alliance, que je trouvais contre-nature, avec l'antilibéral (José) Bové", explique-t-il.

  • Dray dénonce "l'amateurisme et l'incapacité à entendre" de Martine Aubry

    PARIS, 19 juil 2009 (AFP) - Le député socialiste Julien Dray dénonce sur son blog "l'impuissance, l'amateurisme et surtout une étonnante incapacité" de Martine Aubry "à entendre ce qui se passe et dans son parti et dans la société".

    Julien Dray fustige ainsi les deux lettres de la numéro un du PS, celle adressée aux partenaires de l'ex gauche plurielle les invitant à bâtir une "maison commune" de la gauche et celle envoyée au député PS Manuel Valls lui enjoignant de se taire ou de quitter le parti.

    "Deux lettres, deux fautes", estime le député de l'Essonne, pour qui cela révèle "un enkystement dans l'archaïsme, un entêtement dans l'impasse, proprement désespérants".

    S'agissant de la lettre aux partis de gauche, Julien Dray juge que c'est "trop tard, et surtout avec trop peu de crédibilité, quand on voit comment certains de nos partenaires -PRG, MRC- aujourd'hui caressés dans le sens du poil, ont été à l'occasion des européennes traités comme de vulgaires squatteurs, que l'on ne tolérait pas même dans le jardin de ladite maison !".

    "Quelle crédibilité, donc, pour cette démarche qui se pare de la grandeur de la main tendue, mais est d'abord et avant tout perçue par tous comme une émission de fusées de détresse de la part d'une force politique aux abois ?", demande-t-il.

    "Cette lettre, ajoute-t-il, a bien fait l'unanimité parmi nos partenaires, mais contre nous".

    Concernant celle adressée à Manuel Valls -un de ses amis-, Julien Dray s'étonne que "l'expression, rare, de Martine Aubry se concentre désormais sur la dénonciation publique de camarades".

    "Quoi que l'on puisse penser des prises de position de Manuel Valls, il est clair que c'est bien la première secrétaire qui suscite ce type de démarches", écrit-il.

    Pour lui "en ratatinant la démocratie interne au parti - faut-il rappeler que l'une de ses premières décisions a été de diviser par deux le rythme du Bureau national (...) faut-il rappeler qu'elle n'a pas jugé bon de remettre son mandat en jeu après la déroute aux mêmes élections - elle rétrécit l'espace, en interne, pour le débat, et favorise les démarches extérieures".

    "Autant se l'avouer (...). Nous n'en finissons pas de subir les conséquences de cette absence fondamentale de projet, qui fait du parti socialiste un grand corps non seulement malade, mais à la dérive", conclut-il.

  • Associations fictives : l’affaire qui secoue le PS marseillais

    Marseille. 700 000 euros de subventions distribués à des associations fictives

    Le PS marseillais dans le viseur de la justice. En cause : des subventions accordées à de vraies-fausses associations de gauche. Clientélisme ? Achat d’électeurs ?

    Roland Balalas est un homme bavard. Trop, sans doute, pour certains socialistes marseillais. Ceux-ci se seraient bien passé des confidences à la justice de ce fonctionnaire territorial, secrétaire général du groupe PS à la région et assistant parlementaire de la député Sylvie Andrieux. Car ses déclarations devant la justice ont permis de mettre au jour un vaste réseau de détournement de fonds par le biais d’associations fictives destinées à garantir le vote des cités.

    L’instruction est menée par l’opiniâtre juge Franck Landou, qui va de surprise en surprise, démêlant un ingénieux système de vampirisation de fonds publics aux relents clientélistes.

    Les eaux troubles de la gauche marseillaise

    Comme très souvent dans ce genre de dossier, un signalement de Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment d’argent, est venu semer le trouble. En cause : un système qui aurait jusqu’ici permis à la gauche d’asseoir son pouvoir sur les “fameux”quartiers nord de Marseille. Depuis des années, l’argent public aurait servi à contrôler les cités sensibles à travers une noria d’associations plus ou moins factices, sans autre objet réel que de “pomper” des subventions.

    Ce n’est pas Michel Pezet, avocat de l’un des protagonistes du dossier, qui démentira. Ancien président PS du conseil régional de Paca dans les années 1980, il connaît l’institution et ses pièges sur le bout des doigts. À l’époque, il avait refusé tout lien avec ce tissu associatif grand dévoreur de subventions : « Ce système, accuse-t-il, a depuis été mis en place pour des raisons politiques. »

    Il aura fallu 14 mises en examen et une plongée dans les eaux troubles de la gauche marseillaise pour comprendre comment des subventions d’un total de 700 000 euros sont parties dans les poches d’individus peu regardants sur les deniers publics.

    Accusée numéro un, la bouillante Sylvie Andrieux, omniprésente député socialiste des quartiers nord. Elle se mure, pour l’heure, dans un silence qui alimente toutes les suspicions. Alors, la parole est à ses accusateurs, Roland Balalas en tête.

    Au parti socialiste, le grand déballage a commencé

    Lors de son interrogatoire, celui-ci a chargé sans vergogne la fille de Louis Andrieux,un ex-baron du defferrisme : « Mme Andrieux utilise sans discernement les fonds publics, sans se soucier de ce qu’il y a derrière, juste pour sauvegarder ses intérêts électoraux et politiques », affirme-t-il notamment.

    L’issue de ce grand déballage semble inéluctable : pour la député, une mise en examen se profile. Du côté du parquet, on y met les formes, en se contentant d’affirmer que l’intéressée "devrait être logiquement amenée à s’expliquer sur cette affaire".

    Au bout du compte, une vingtaine d’associations auraient bénéficié de la manne du conseil régional. Dans des quartiers comme Les Cèdres, Font-Vert ou Les Flamants, le vote PS aurait eu un prix : ici une Mercedes, là un réfrigérateur, de l’électroménager… Aucun cadeau n’était trop beau pour s’attacher les services des “maîtres”des cités. Toute l’enquête se dirige désormais vers le cabinet du président PS du conseil régional (et ancien garde des Sceaux), Michel Vauzelle, accusé d’avoir avalisé ces pratiques douteuses.

    Plusieurs de ses proches figurent déjà dans le collimateur de la Justice. Franck Dumontel le premier. Ex-directeur de cabinet de Vauzelle, il a depuis été opportunément muté à la communauté urbaine de Marseille. Le juge Landou l’a mis en examen pour “complicité de détournement de fonds publics”. Visé lui aussi : l’ex-directeur général des services de Vauzelle, Jules Nyssen.

    Occupant dorénavant les fonctions de directeur général des services de la ville de Montpellier, ce dernier a immédiatement contre-attaqué en fournissant à la justice une série de notes adressées à la présidence du conseil régional. Lesquelles notes alertaient, selon lui, Michel Vauzelle des dérapages constatés dans l’attribution des fameuses subventions et de l’existence de plusieurs faux.

    Informé, le président du conseil régional est-il passé outre ? C’est désormais la question qui taraude le microcosme marseillais. Avec en toile de fond une possible convocation de Vauzelle devant le juge Landou en qualité de témoin assisté. Prudent, l'hiérarque socialiste, proche de l’aile gauche du parti, a pris ses distances avec Sylvie Andrieux, en lui retirant sa délégation à la politique de la ville. Dans le même temps, le conseil régional se constituait partie civile.

    Mais l’histoire ne semble pas se limiter au cas de Sylvie Andrieux. À travers Franck Dumontel, l’ex collaborateur de Vauzelle, c’est aussi une autre élue PS, son épouse, qui se retrouve sur la sellette : Samia Ghali, sénatrice et vice-présidente du conseil régional déléguée aux sports et à la… vie associative.

    Auditionné le 3 juin, le si bavard Balalas n’a pas hésité à affirmer que Samia Ghali disposait de « son propre circuit ». La très grande proximité de celle-ci avec le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, préfigure-t-elle d’autres développements dans cette affaire ? Après le conseil régional, la piste du conseil général ?

    Du côté du département, on se veut serein.Même si plusieurs demandes de subventions concernent des associations mises en causes par les investigations judiciaires… Pour l’heure, cependant, seuls 26 996 euros ont été versés par les services de Guérini sur 1,12 million d’euros réclamés. « Le département n’a pas versé d’argent à de fausses associations », maintient l’avocat du conseil général, M° Marc-Michel Le Roux – se démarquant ainsi des pratiques de la région.

    Les mécanismes de contrôle auraient ici correctement fonctionné. Les services du département sont, par exemple, restés insensibles devant la demande de 210 000 euros déposée par l’association Synergie pour réussir, afin d’acquérir des véhicules et du matériel roulant… Idem pour les 122 000 euros réclamés par l’association des commerçants de la cité Font-Vert. Ils n’ont pas davantage acquiescé aux 145 000 euros demandés par Nouvelle Vague, dont le président d’honneur est Zinedine Zidane. Il s’agissait, là encore, d’achat de véhicules et d’un studio d’enregistrement…

    Cette dernière association est une structure complexe, ce qui pourrait donner une autre tournure à l’enquête menée par le juge Landou. Car au-delà des coquilles vides et des fausses factures, c’est en effet tout le système d’octroi des subventions à Marseille qui soulève des interrogations. Si l’on achète le vote des cités, c’est aussi la paix sociale qui préoccupe les élus locaux. Et la paix, elle aussi, semble avoir un prix.

    Article extrait de Valeurs actuelles du 16 juillet 2009

    Lien permanent Catégories : Arnaque
  • L'AFFAIRE DU SANG CONTAMINE

    Le drame du sang contaminé s'est transformé en scandale en avril 1991, lorsque "L'événement du jeudi" publie un rapport prouvant que le centre national de transfusion sanguine a sciemment distribué, en 1985, des produits sanguins contaminés. L'ancien premier ministre Laurent Fabius et les anciens ministres Georgina Dufoix et Edmond Hervé ont comparu du 9 février au 2 mars devant la Cour de Justice de la République (CJR) pour homicide involontaire.

     

    Fin 1983, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recense 267 cas de sida dans les pays membres de la CEE. La France arrive en tête de ce triste palmarès avec 92 cas. La toute première information faisant un lien entre les transfusions sanguines et le sida date de janvier 1984.

    L'opinion publique n'est réellement alertée qu'à la mi-1985, lorsque le premier ministre annonce le dépistage obligatoire des donneurs de sang à partir du 1er août. L'ampleur du drame n'est connue qu'en août 1986 avec la publication d'un rapport du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) qui affirme qu'un hémophile sur deux a été contaminé, soit près de 2000 personnes.

    L'utilisation par les hémophiles de produits sanguins chauffés, débarrassés du virus du sida, paraissait indispensable dès le printemps. Malgré cela les stocks de produits non chauffés, d'une valeur de 34 millions de francs, ont été laissés en circulation et remboursés jusqu'au 1er octobre 1985. Même destinés à des hémophiles déjà séropositifs, ils ont pu entraîner une surcontamination fatale.

     

    Mais ce procès n'est pas le premier. En effet, en 1992, puis en appel en 1993, quatre médecins, dont l'ancien directeur du CNTS, Michel Garretta, avaient été jugés pour tromperie et condamnés. M. Garretta avait écopé de quatre ans de prison.

     

    Ainsi, la commission d'instruction de la CJR a renvoyé M. Fabius et Mme Dufoix pour la mort de trois personnes, et la contamination de deux autres. M. Hervé est poursuivi pour les mêmes faits et pour deux autres décès.

     

    Plus précisément, Laurent Fabius apprend le 29 avril 1985, par son conseiller industriel Jacques Biot, que «Diagnostics Pasteur» peut prendre une large fraction du marché national du test de dépistage du sida, à condition que soit mise en place «une gestion astucieuse du calendrier». En effet, le test Français a pris du retard sur le test Américain Abbott.

    En ce qui concerne Georgina Dufoix, la commission d'instruction lui reproche d'avoir freiné, pour des raisons financières, la mise en place du dépistage systématique. On lui reproche aussi et surtout d'avoir différer au 1er octobre 1985 l'entrée en application d'un arrêté du 23 juillet, qui mettait fin au remboursement des produits sanguins non chauffés, largement contaminés.

     

    Quant à Edmond Hervé, il est le plus lourdement chargé par l'accusation. C'est le seul contre qui sont retenus les trois fautes qui constituent l'affaire du sang contaminé, à savoir : le retard dans la généralisation du dépistage, l'absence de sélection des donneurs de sang, et l'interdiction tardive des produits sanguins non chauffés.

     

    Leurs défenseurs ont utilisé deux arguments forts.

    Primo, «on ne peut juger les décisions d'hier avec les connaissances d'aujourd'hui.» Secundo, «dès que nous avons été avertis de l'urgence et du risque, nous avons pris les mesures qui s'imposaient.» Sous entendu : «beaucoup d'informations ne sont pas remontées jusqu'à nous», et «les spécialistes que nous avons consultés n'étaient pas alarmistes. Or, les ministres ne peuvent prendre des décisions qu'au vu de ce que disent les scientifiques.»

     

    Le 9 mars, le verdict sonne :

    Laurent Fabius est relaxé parce que son action a contribué à accélérer les processus décisionnels et parce que, en définitive, le dépistage des dons de sang a été imposé et généralisé en France.

    Georgina Dufoix est, elle aussi, relaxée car elle n'a rien retardé ou entravé. Soit elle n'a pas été consultée dans certains dossiers, soit ses décisions n'ont pas eu de conséquence pour la santé publique.

    Seul Edmond Hervé est condamné pour l'atteinte involontaire à l'intégrité physique de Sylvie Rouy, contaminée lors d'un accouchement le 2 août 1985, et pour l'homicide involontaire de Sarah Malik, contaminée au stade fœtal par sa mère, séropositive après transfusion. L'ex secrétaire d'Etat à la Santé a donc, selon l'arrêt, commis «une faute d'imprudence ou de négligence et un manquement à une obligation de sécurité ou de prudence qui lui était imposé par le code de santé publique.» Les 15 juges l'ont tout de même dispensé de peine car ils estiment que «15 ans se sont écoulés depuis les faits.»

     

    Un premier plan d'indemnisation des victimes a été arrêté en 1989. Le dispositif comprenait alors 2 volets : une indemnisation par l'Etat versée immédiatement, d'un montant de 30000 à 170000 francs, et une indemnisation de 100 000 francs, versée par les assurances à chaque victime renonçant à des poursuites judiciaires. En 1990, un millier d'hémophiles contaminés avaient choisi cette procédure.

     

    Mais finalement, face aux développements de l'affaire et avec la mise en cause directe des dirigeants du CNTS dans la contamination des hémophiles et transfusés, le gouvernement a fait adopter, fin 1991, une loi d'indemnisation qui prévoit des sommes allant de 500 000 à 2 millions de francs. Il a également délié les plaignants de leur engagement, leur permettant finalement de se constituer partie civile devant les tribunaux.

  • Histoire du financement du PS (85-89)

     

    Un homme, la soixantaine enveloppée, sort d'un porche discret du quai des Grands-Augustins. Sous son bras, un paquet joliment emballé de papier fantaisie. Un beau cadeau, en vérité: 5 millions de francs, en coupures de 500 francs. Le porteur du colis s'appelle Gérard Monate, patron d'Urba-Gracco, la pompe à finances du PS. Une affaire qui a failli passer sous le nez du parti au pouvoir. Quelque temps plus tôt, l'un des plus gros chauffagistes parisiens a emporté un contrat fabuleux: la réfection des installations des lycées d'Ile-de-France. Un contrat qui vaut bien une largesse: 10 millions de francs en liquide pour la majorité régionale de l'époque, via un intermédiaire, Jean-Claude Méry. Au siège du PS, on l'apprend. Fureur. Monate est chargé de récupérer le coup. Méry, qu'il connaît bien - ils font le même «métier» - accepte de couper la poire en deux. Moyennant promesse de ristourner une partie du pactole au PC, lui-même se chargeant d' «intéresser» l'UDF.

    L'histoire remonte à quatre ou cinq ans. Depuis, Monate en a vécu bien d'autres. Toutefois, le métier de financier du monde politique n'a pas toujours un côté si pittoresque. Henri Nallet, l'actuel ministre de la Justice, harcelé par l'opposition à propos de son rôle de trésorier de la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1988, n'est pas le seul à en savoir quelque chose. Deux amnisties au goût amer pour l'opinion publique - votées en 1988 et 1989 - auront soulagé plus d'un élu pris dans le collimateur de deux petits flics marseillais, Antoine Gaudino et Alain Mayot. Mais elles auront aussi sacrément troublé le débat politique. Comment une affaire de fausses factures purement locale - celle de la Sormae, Filiale marseillaise de la SAE (Société auxiliaire d'entreprises) - a-t-elle pu aller battre jusqu'aux marches des palais de la République?

    Elle n'aurait certainement pas fait plus de bruit que les autres, n'était le goût pour la chose écrite d'un brave bureaucrate de 60 ans, Joseph Delcroix. Représentant, dans les années 50, à la Lainière de Roubaix, puis attaché commercial à la Compagnie générale de chauffe, Delcroix est entré, en 1978, au GIE Gestion de sociétés regroupées (GSR). Sous cette étiquette s'abritent diverses entreprises - Urbatechnic, Gracco, etc.- créées en 1972. Officiellement, des bureaux d'études. En fait, 60% de leurs honoraires servent à financer les dépenses du PS. Lequel en tire de 40 à 45 millions de francs par an.

    D'abord simple assistant, Delcroix devient directeur administratif de l'entreprise en 1984 (année où la présidence échoit à l'ancien syndicaliste policier Gérard Monate), puis son représentant général à Marseille en 1988. Homme intègre et désintéressé (salaire mensuel: 21 000 francs), il va, de 1981 à 1989, assister à toutes les réunions du comité de coordination d'Urba-Gracco comme à celles des 18 délégués régionaux (tous socialistes) de l'entreprise. Scribe consciencieux, il note tout sur ses cahiers, de simples cahiers d'écolier à spirale: les rendez-vous, les ordres du jour, les montages, les contacts, les sommes en jeu, les noms des politiciens bénéficiant de la manne. Mais aussi les pépins d'Urba, comme en 1984, où, à la suite d'ennuis avec le fisc, l'entreprise demandera conseil à Henri Emmanuelli, à l'époque secrétaire d'Etat au Budget. Bref, Delcroix, c'est la mémoire vivante des finances du PS.

    17 avril 1989. Voilà trois ans que Gaudino et Mayot, inspecteurs à la section financière du SRPJ de Marseille, piétinent sur un dossier de fausses factures mettant en cause quelques sociétés de travaux publics de la région, lorsqu'ils perquisitionnent au siège marseillais d'Urba-Gracco. Et tombent sur les fameux cahiers. Aussitôt, ils embarquent Delcroix et le délégué régional de l'entreprise, Bruno Desjobert. A Paris, Monate prend peur. Il s'attendait à la perquisition, pas à la mise en garde à vue de ses deux collaborateurs. Affolé, il téléphone au ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe, qui, oublieux de son passé de trésorier très exigeant, le cueille à froid: «Il se fait tard. On verra demain!» Effectivement, après que l'Elysée eut été mis au parfum, un conseil de guerre réunit Michel Rocard, Pierre Arpaillange, Pierre Mauroy... et Joxe. Le premier secrétaire du PS tonne: «Ouvrir une information judiciaire sur Urba, c'est du suicide!» Rocard le comprend. L'affaire est promise à l'enterrement. Juste à temps. Le 5 mai 1989, un procès-verbal de six pages, signé Gaudino et Mayot, confirme en long et en large l'activité d'Urba du 2 mars 1984 au 2 décembre 1988. Et donc son rôle dans le financement de la campagne de François Mitterrand.

    Ce n'est pas tout. Le PV du 5 mai sort un nouveau nom: celui de Philippe Sanmarco, député PS des Bouches-du-Rhône et adjoint au maire de Marseille jusqu'au 12 mars 1989. Celui-ci, grâce à des associations de façade, aurait financé sa campagne électorale à hauteur de 2 486 000 francs. Le juge Pierre Culié demandera, le 11 octobre 1989, l'inculpation de Sanmarco.

    A ce jour, rien ne s'est passé. Sanmarco a eu plus de chance que tous ceux qui, de la gauche à la droite, se retrouvent épinglés dans le dossier du magistrat: les Pezet, Nungesser, Cordonnier Roux... Lesquels seront, au bout, du compte, sauvés par l'amnistie.

    Des noms, il en défile beaucoup dans les cahiers à spirale de Delcroix. L'Express a pu consulter ses notes pour la période 1985-1989. Et disséquer ainsi l'histoire du financement du PS sur cinq ans. En voici, à l'état brut, quelques morceaux choisis: 25 avril 1985. Réunion du comité de coordination. Présents: Gérard Monate, président; Jean-Louis Claustres, directeur général; Jean-Dominique Blardone, secrétaire général, ancien directeur de cabinet d'André Laignel; et, bien sûr, Delcroix lui-même, directeur administratif. Les législatives sont dans moins d'un an. Il faut y penser. Inquiétude sur les «bureaux d'études parallèles» qui voudraient concurrencer Urba-Gracco auprès des élus socialistes. Delcroix les cite: «Le GEC (Petitdemange, ancien chef de cabinet de Rocard), Socofred (Poperen), Certa (Fajardie, Maurois [sic].)»

    Pas question de faire des démarches auprès des parallèles, note encore Delcroix. En bas de page: «Pour les législatives, 6,5 à 7 millions de plus sont nécessaires.» 20 juin 1986. Réunion des délégués régionaux. «GM [Gérard Monate]: nous sommes mandatés par le parti qui a pris des risques politiques pour couvrir nos sociétés. Sans le parti, nous ne serions plus rien.»

    3 février 1987. Encore une réunion du comité de coordination. Delcroix note: «Trésorerie: bonnes recettes de ce matin. Améliorent la trésorerie qui se présentait critique en fin de semaine dernière.» «Congrès PS va coûter cher.» «GM voit Romant. Sec fédé Lille (59). Voit JC Colliard, Elysée, le 24/2. A reçu Beauchamp, président commission de contrôle du PS.» Georges Beauchamp, l'un des fidèles de François Mitterrand, dont il fut, sous la IVe République, le collaborateur dans divers ministères. 30 mars 1987. Comité de coordination. Atmosphère au beau rixe. Delcroix écrit: «Comme dit GM, heureusement qu'on a le congrès [de Lille], sinon on ne saurait pas comment dépenser!»... La trésorerie du PS atteint, il est vrai, la coquette somme de 6 113 000 francs. A la dernière ligne, entourée et soulignée, cette phrase: «Maintenant, il faut penser aux présidentielles.»

    11 mai 1987. Comité de coordination. Capital. Pour la première fois est évoqué le financement de la campagne présidentielle de 1988. Un besoin de 100 millions, dont 25 à la charge d'Urba-Gracco (à l'époque, personne ne sait qui défendra les couleurs du PS). Petit problème: la trésorerie du parti est exsangue. Aussi, le comité de direction d'Urba-Gracco demande de relancer Bouygues et la Compagnie générale des eaux. Enfin, en bas de page, ce petit rappel: «7 mai. GM a vu les impôts. Ça s'est bien passé.»

    4 juin 1987. Réunion des délégués régionaux. Compte rendu sur deux pages. Delcroix évoque le congrès de Lille, qui a coûté 7,7 millions de francs. Suivent quelques notes sur la campagne présidentielle: «SVP. Elysée et trésorier cumul à 100 millions de francs. Prise en charge par GIE en un court temps.» En bas et à gauche de la première page, ce commentaire de Delcroix, plein d'espoir: «L'image du groupe s'est améliorée. Le PS nous aidera.» A la deuxième page, Delcroix évoque la création, pour une courte durée, d'une société tampon chargée de recevoir des fonds parallèlement à Urba-Gracco. «Date d'opérationalité [sic '/: avant les présidentielles de 1988. Disparition: après les municipales de 1989.»

    8 octobre 1987. Naissance officielle de la fameuse société tampon. Son nom: Multiservices. Adresse: 8, rue de Liège, Paris-VIII°. Son objet: «Payer un tas de petites choses hétéroclytes [sic]». Delcroix précise que les ressources de Multiservices proviennent soit de contrats spécifiques, soit de contrats passés par des sous-traitants d'Urba-Gracco. L'activité de Multiservices commencera officiellement le 1er décembre 1987 et se terminera en septembre 1989. Chiffre d'affaires prévu: 10-12 millions de francs. 12 octobre 1987. «Situation financière: pas mal», écrit Delcroix. A preuve, dit-il en substance, un découvert à la BCCM de 606000 francs, alors qu'elle autorise 2,8 millions. Idem à la Bred, avec 864 000 francs, pour 1,1 million autorisé. Suit une liste d'élus rencontrés par GM: Auroux (Roanne). Commentaire: bonne rencontre.» Et de ceux qu'il ira voir: les députés Pierre Forgues, maire adjoint de Tarbes; Roger Mas, de Charleville, Laurent Cathala, maire de Créteil.

    26 octobre 1987. Comité de coordination. Toujours les mêmes présents: Monate, Claustres, Blardone, et, bien sûr, Delcroix. Ordre du jour: «Les entreprises auprès desquelles on pourrait soutirer de l'argent». Leurs noms: Bouygues, Compagnie générale des eaux, Société auxiliaire d'entreprises, Lyonnaise des eaux, Spie-Batignolles. Liste agrémentée des noms des contacts, avec numéros de téléphone. Ce sont généralement les présidents des groupes.

    Pour mémoire, on rappelle la liste des généreux donateurs en 1981: Casino (1 150 000 francs), Quillery (270 000), Auchan (100 000), Campenon-Bernard (350 000), Compagnie générale des eaux (400 000), Pernod (180 000). En tout: 4 363 000 francs, récoltés auprès de 23 entreprises.

    2 novembre 1987. Comité de coordination. Sur la sellette, à nouveau, les sociétés qui font de la concurrence à Urba-Gracco. Commentaire de Delcroix: «La commission de contrôle semblerait décidée à faire quelque chose.» Suivent alors des indications qui montrent que certains députés n'ont visiblement pas recours à Urba-Gracco: «Serco, Coffineau, Sages,... Rocard? Pezet (Irec), Copaps (Marius Bouchon), Sainte-Marie, Pierret, Association mosellane.» Nota bene: Michel Coffineau est député du Val-d'Oise, Christian Pierret, des Vosges, et Michel Sainte-Marie, de la Gironde.

    14 décembre 1987. Comité de coordination à l'hôtel Arcade, à Paris. «Situation financière reste bonne. GM va voir demain Laignel. Avant congés, va voir Elysée au sujet financement partis.» Rien de surprenant: l'affaire Luchaire - trafic d'armes vers l'Iran - relance le débat. Et le gouvernement Chirac, à la demande du président de la République, prépare une loi sur le financement des partis... assortie d'une amnistie.

    11 janvier 1988. Réunion des délégués régionaux d'Urba-Gracco. Nous sommes à quatre mois de l'élection présidentielle. Tout baigne! A preuve, cette annotation de Delcroix: «Trésorerie. Les mecs, on est positifs à la BCCM. Du jamais-vu!» Delcroix note une réunion des trésoriers généraux du parti, prévue pour le 30 janvier. GM ira.

    18 mars 1988. Comité de coordination. Exposé de Monate: renforcement du personnel de la Rue de Solferino: 11 personnes. Multiservices va fermer. Argent campagne présidentielle: «9 U [millions] payés sur 25 prévus.»

    2 décembre 1988. Réunion à l'hôtel Ibis. On fait le bilan des fonds de la campagne présidentielle: «24 694 653 faits. 21 300 000 payés. Environ 3 000 000 à payer.» Mais, déjà, il faut penser à l'avenir. En clair: «Les municipales de 1989 nous coûteront cher. Et les européennes nous attireront des demandes du parti.» Enfin, le temps des récompenses: une augmentation de 3% est décidée pour tout le personnel d'Urba-Gracco à compter du 1er janvier 1989.

    23 mars 1989. Emotion à la réunion des délégués régionaux. L'affaire des fausses factures de Marseille fait des vagues. Le juge Culié multiplie les inculpations. Notamment celles des dirigeants de la Sormae. A l'Elysée et Place Vendôme, on est de plus en plus inquiet. A Urba-Gracco aussi. Claire allusion au «risque pénal encouru par les délégués régionaux». Et Delcroix d'écrire qu'avec eux le commissaire aux comptes, le chef comptable et le trésorier du GIE, Pierre Letort, risquent «l'écrou et la tôle» (sic).

    Oh comprend mieux pourquoi, au printemps 1989, le pouvoir ne veut absolument pas d'une information judiciaire sur Urba-Gracco. Et pourquoi, le 14 mai, lors de son traditionnel pèlerinage de Solutré, le président - qui est parfaitement informé du dossier - propose une nouvelle loi sur le financement des partis politiques. Et une seconde amnistie en moins d'un an! Du jamais-vu dans les annales!

    On aurait pu en rester là si, en octobre dernier, Antoine Gaudino n'avait publié son livre-brûlot, «L'Enquête impossible», révélant qu'Urba-Gracco avait financé, à hauteur de 25%, la campagne présidentielle de François Mitterrand. Ce qui n'apparaît pas dans les comptes communiqués par Henri Nallet au Conseil constitutionnel. Résultat: depuis un mois, chaque mercredi, lors de la séance des questions orales à l'Assemblée nationale, l'opposition livre une guérilla verbale à la majorité. La droite, pugnace - comme si elle était exempte de tout reproche en la matière - demande à cor et à cri l'ouverture d'une information judiciaire sur Urba-Gracco par la voix de François d'Aubert (UDF) et de Nicole Catala (RPR), ou proclame, par celle de Philippe de Villiers (UDF, Vendée), que les comptes du candidat Mitterrand publiés au «JO» sont des faux. Ce qui vaut illico à l'association Le Puy-du-Fou, qu'il préside, un redressement fiscal de 4 millions de francs. Alors que, à l'issue de ses investigations, le contrôleur des impôts qui avait consulté le livre de comptes n'y avait trouvé «aucune irrégularité, pas même une seule erreur de TVA». Dans son langage fleuri, le ministre du Budget, Michel Charasse, fournira bien vite à de Villiers la clef de ce rebondissement: «Vous, vous nous emmerdez. Eh bien, nous, on va vous emmerder!»

    Ambiance. On se croirait revenu trois ans en arrière, au plus fort des remous causés par l'affaire Luchaire. Dans la logomachie un peu absconse à laquelle le bon peuple est soumis depuis quelque temps, qui a tort et qui a raison? Tout le monde et personne. En fait, le montage qui a permis de financer la campagne socialiste repose sur deux cagnottes distinctes. Celle du candidat Mitterrand en personne, que Nallet a gérée entre le 23 mars et la fin mai 1988, et dont il a, par la suite, publié la comptabilité, en application de la loi du 11 mars 1988 relative à la transparence de la vie politique. Et celle du PS, qui a payé toute la partie de la campagne menée, pour le compte du chef de l'Etat, par les ténors du parti. Quand Louis Mermaz ou Lionel Jospin allaient battre l'estrade au fin fond des provinces, c'est la caisse du PS, et non celle de Nallet, qui réglait les frais d'avion, d'hôtel, de location de salles ou de voitures, etc. Et Urba-Gracco, dans tout cela? L'organisation de Gérard Monate a continué de jouer son rôle de principal bailleur de fonds du parti. Avec le «candidat Mitterrand», elle n'a guère été généreuse. Monate a signé trois chèques de 50 000 francs chacun pour Nallet - «après accord du trésorier du PS, André Laignel» - tirés respectivement sur les comptes d'Urbatechnic, de Gracco et de Valorimmo, autre société de la nébuleuse GSR. En revanche, le PS s'est montré fort gourmand en faisant régler par Monate 24,6 millions de francs de factures diverses. Ce qui alourdit singulièrement la note de l'opération, que Nallet a chiffrée modestement, dans le «Journal officiel» du 16 juillet 1988, à 99,8 millions de francs - couverte seulement à hauteur de 64,9 millions par les recettes de campagne.

    A présent, GSR est en liquidation. Une loi prétend moraliser les finances des partis politiques. Plus d'un observateur en doute. «La droite a toujours travaillé avec des valises d'argent liquide, affirme Monate. Elle pourra continuer, les censeurs n'y verront que du feu!» Mauroy lui-même a versé une larme, lors d'un récent comité directeur du PS, en affirmant que «ceux qui ont travaillé avec Urba-Gracco étaient des vertueux». Pourtant, aujourd'hui, les vertueux se rebiffent. Monate a toujours refusé un blanchiment à la sauvette: «Je ne suis pas un truand, clame-t-il. Je veux expliquer publiquement ce que j'ai fait. Je n'ai pas à en rougir.» Ses deux collaborateurs, Delcroix et Desjobert, qui avaient formé un pourvoi en cassation contre leur renvoi en correctionnelle, viennent de se désister. Ils comparaîtront devant le tribunal en janvier 1991 avec leur ancien patron. Un beau déballage en perspective.

  • L'Affaire Urba - ou comment le PS remplissait ses caisses

    19 avril 1989 : début de l’affaire. A Marseille, les policiers découvrent, au siège de la société Urba (dirigée par Gérard Monate, un ancien syndicaliste policier), des documents du directeur administratif établissant un financement occulte du Parti socialiste.

    1990 : une dalle de béton s’effondre sur un chantier de construction. Deux salariés de l’entreprise Heulin trouvent la mort.

    8 janvier 1991 : un juge d'instruction du Mans, Thierry Jean-Pierre, enquête sur l’accident. Il interroge un ancien responsable socialiste qui passe aux aveux : le système, qui a fonctionné de 1973 à 1990, reposait sur la facturation de prestations fictives à des clients qui bénéficiaient par ailleurs de contreparties sous forme de marchés communaux ou autres. L’argent était reversé au PS.

    Avril 1991 : le juge Jean-Pierre perquisitionne au siège parisien de la société Urba.

    Janvier 1992 : fait sans précédent : le nouveau juge d’instruction, Renaud Van Ruymbecke, perquisitionne le siège du PS.

    Septembre 1992 : président de l’Assemblée nationale, Henri Emmanuelli est inculpé de « recel et de complicité de trafic d’influence » à propos de fonds récoltés dans la Sarthe par la SAGES, filiale d’Urba. Une poursuite qui s’explique par les anciennes responsabilités de l’homme politique : à l’époque des faits, il était le trésorier du PS.

     

    Statuant sur le volet marseillais de l'affaire Urba, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Lyon a ordonné vendredi le renvoi en correctionnelle d'Henri Emmanuelli et d'André Laignel, en qualité d'anciens trésoriers du Parti socialiste pour «complicité de trafic d'influence», parmi les 50 personnes prévenues dans ce dossier.

    La chambre d'accusation laisse maintenant au tribunal le soin de trancher publiquement le débat juridique portant sur leur complicité de «trafic d'influence».

     

    Au total, 50 personnes se retrouveront devant le tribunal correctionnel: élus, responsables des bureaux d'études Urba, chefs d'entreprises. Au côté d'Henri Emmanuelli et André Laignel, parmi les prévenus les plus connus figurent Michel Pezet et Philippe Sanmarco, anciens députés socialistes des Bouches-du-Rhône, Gérard Monate, ex-PDG des bureaux d'études Urba et Joseph Delcroix connu pour ses cahiers, saisis par l'inspecteur Gaudino, décrivant tout le système. La chambre d'accusation a prononcé huit non-lieux au bénéfice de dirigeants de sociétés satellites d'Urba et de dirigeants de sociétés. Les chefs de prévention varient selon leurs fonctions: les quatre responsables d'Urba sont poursuivis pour trafic d'influence, les 10 élus pour complicité de trafic d'influence et les 36 chefs d'entreprises pour corruption active.

     

    Un système centralisé de collecte de fonds

    15 mai 1995 : Henri Emmanuelli est condamné à un an de prison avec sursis et 30.000 francs d’amende par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc.

    Ce dossier est l'un des trois volets portant sur le financement occulte du PS. Ces trois enquêtes décrivent le même système centralisé de collecte de fonds au bénéfice du seul Parti socialiste.

    Le «système Urba» était destiné, selon l'aveu de ses créateurs, à «moraliser» la collecte de fonds et à éliminer les risques de profits personnels. Le premier dossier dit de la «Sormae» a été jugé à Paris à la fin de l'année 1991. Le second dossier dit «Urba Sages» instruit à Rennes, sera jugé à partir du 13 mars 1995 par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc avec Henri Emmanuelli parmi les prévenus.

    Le dernier volet visé par l'arrêt rendu par la chambre d'accusation a été instruit sur décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation. Il porte sur quelque quarante marchés publics de la ville de Marseille, et plus particulièrement sur celui du tunnel Prado-Carénage inauguré en septembre 1993. L'instruction concerne la période allant du 11 mars 1988 à avril 1989, date à laquelle l'inspecteur Antoine Gaudino a effectué la perquisition dévoilant l'affaire.

    A la suite de ses découvertes et après son éviction de la police, l'inspecteur Gaudino avait publié un livre sur ce dossier intitulé l'Enquête impossible.

    Le montant total des fausses factures transitant par les cabinets d'études Urba s'élève à 9,4 millions pour les marchés marseillais. Selon une répartition bien réglée, 30% des fonds collectés ont été versés à la direction nationale du PS, 30% aux élus locaux, le reste a servi au fonctionnement d'Urba.

    Mais cette répartition changeait selon les besoins. Ainsi, lors des élections municipales, la part revenant aux élus marseillais a atteint 80% des sommes prélevées sur le marché du tunnel Prado Carénage.

     

    La procédure a été ouverte à Lyon en septembre 1991, à la suite d'une plainte déposée par Gérard Monnier-Besombes, député européen des Verts. En septembre 1992, sa constitution de partie civile était annulée par le Conseil d'Etat, mais les poursuites avaient été maintenues par le parquet. Le président de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Lyon, Henri Blondet, avait pris l'instruction en main. L'acte le plus discuté a été la mise en examen en septembre 1993, d'Henri Emmanuelli et d'André Laignel, trésoriers nationaux du PS durant la période visée par la procédure. C'était quelques jours après la réélection d'Henri Emmanuelli comme député des Landes.

    Le 24 janvier dernier, lors de l'audience devant la chambre d'accusation, le parquet général avait requis un non-lieu au bénéfice des deux trésoriers. Selon l'avocat général François Coste la qualification de «complicité de trafic d'influence» s'appliquant à l'infraction, n'est pas adaptée à leurs cas: «Si la chambre d'accusation avait été saisie de faits d'abus de biens sociaux et de recel de cette infraction, il n'y aurait pas de difficulté à ordonner leur renvoi devant le tribunal» avait-il soutenu estimant que «le dossier n'aurait pas posé de difficulté s'il avait été possible de renvoyer la personne morale Parti socialiste devant le tribunal». Contrairement à cet avis, la chambre d'accusation a estimé qu'il y avait «charges suffisantes» pour qu'Henri Emmanuelli et André Laignel s'expliquent devant le tribunal.

    Les pourvois en cassation d'Emmanuelli Vendredi, Mes Patrick Maisonneuve et Philippe Lemaire, avocats d'Henri Emmanuelli, faisaient savoir dans un communiqué qu'ils allaient se pourvoir en cassation, estimant que «l'accusation repose sur une construction intellectuelle». Ce n'est pas la première fois que la Cour de cassation aura à trancher le «cas Emmanuelli». Dans le dossier Urba Sages, le parquet général de Rennes s'était prononcé pour un non-lieu en faveur du trésorier du PS tandis que la chambre d'accusation avait ordonné son renvoi en correctionnelle. Statuant sur ce litige en novembre dernier, la Cour de cassation avait estimé que le débat devait être tranché par le tribunal correctionnel. Au vu du dossier lyonnais, la Cour de cassation aura à se prononcer une seconde fois.

     

    13 mars 1996 : en appel, la condamnation d’Henri Emmanuelli est alourdie par la cour d’appel de Rennes. Il écope de dix-huit mois de prison, 30.000 francs d’amende et deux ans de privation de droits civiques. Un jugement qui sera confirmé par la chambre criminelle de la Cour de cassation.

  • La gauche la plus bête du monde ?

    Le JDD – édito de "Iconoclaste" - samedi 13 octobre 2007 à 13:30

     

    Il faut croire que les leçons de la dernière présidentielle ont déjà été oubliées puisqu'un sondage CSA pour "Marianne" annonce que 71 % des électeurs de gauche souhaiteraient une candidature S. Royal en 2012 contre 46 % pour l'ensemble des Français... Après la droite, serait-ce au tour de la gauche d'être la plus bête du monde ?

     

    Je ne ferai pas comme M-N. Lienemann ou d'autres de ses petits camarades qui aiment à fustiger la "candidate malheureuse à l'élection présidentielle". Il n'empêche, on est en droit de s'interroger sur le décalage entre les électeurs de gauche et les électeurs tout court ! D'autant que - ne l'oublions pas - S. Royal fut désignée par le PS pour le représenter sur la foi de bons sondages (dont elle bénéficia jusqu'en janvier dernier).

     

    Comme le rappelle L. Jospin, dans "L'impasse", entre les lignes : "Ce n'est pas aux sondages de désigner le ou la meilleur(e) des socialistes pour les représenter mais eux-mêmes". Du reste, "S. Royal, pure produit des sondages, n'a pas su gagner contre le candidat de droite." Que l'on ait ou non de la sympathie pour l'ancien Premier ministre, force est de l'approuver, sur ce point.

     

    Et le sondage CSA pour "Marianne" va plus loin. Pour diriger le PS, les Français (à 28 %) préfèrent Bertrand Delanoë à Ségolène Royal (18%) et Laurent Fabius (14%). Pire ! Les électeurs de S. Royal verrait bien le maire de Paris Premier secrétaire du Parti socialiste à 48 %, contre 47 % pour la "Madone" ! La gauche serait-elle devenue schizophrène ?

     

    Car si demain, B. Delanoë succède à Fr. Hollande pour diriger le PS, il est légitime qu'il fasse acte de candidature en 2012 ! C'est la logique du PS d'Epinay : le chef du parti est, normalement, le candidat du parti... C'est ainsi que procédèrent Fr. Mitterrand en 1981, L. Jospin en 1997 ou Fr. Hollande aux européennes de 1999... Mais S. Royal, ayant l'expérience de 2007 et les fameux "17 millions d'électeurs du 2nd tour", revendiquera, elle aussi, de pouvoir se présenter... Bref, un beau capharnaüm (mot qui me fait rire) en perspective !

     

    Autre gourmandise sondagière, après avoir fait le choix des meilleurs à gauche, on les place en situation. Et donc, "si dimanche prochain avait lieu le 2nd tour de l'élection présidentielle", pour qui voteriez-vous ? Eh bien, "56 % des Français indiquent qu'ils voteraient N. Sarkozy et 44 % S. Royal". On le voit, la présidente de la Région Poitou-Charentes est la meilleure ! Elle est tellement meilleure qu'elle perdrait encore plus distinctement contre son adversaire du printemps dernier !

     

    Mais, ce n'est pas grave. De toute façon, elle n'a rien à voir dans sa défaite. La preuve : "69% des sondés pensent que le PS porte la responsabilité de l'échec à l'élection présidentielle, 81% pour les électeurs de Ségolène Royal au second tour". Hélas, la candidate socialiste - on le sait - a fait des erreurs.

     

    Même BHL - pourtant un de ses fervents admirateurs - le reconnaît ! Il pointe, en outre, l'extrême solitude de cette femme dans la campagne présidentielle, "solitude qui le trouble". Allez comprendre ! Elle était seule (et s'est esseulée) pour faire campagne mais la responsabilité doit être collective ! Ces con... de militants font vraiment mal leur boulot, quand même !

     

    Les sondages n'ont pas d'autre ambition, c'est un fait, que d'amuser le peuple. Les Français sont affriandés par eux et en consomment beaucoup. Comme les publicités pour Danone ou autre Peugeot, leur mission est de vendre. Vendre une personnalité. La proposer. Et donc influencer (la personnalité et les électeurs), au fond. Car citer une personne, c'est lui accorder du crédit et lui conférer une certaine importance. Et est-ce déjà l'heure, à gauche, de choisir son ou sa candidat(e) ?

     

    Bien sûr que non. "L'heure est à la rénovation et aux propositions" (ritournelle entonnée par tous les socialistes depuis le 6 mai dernier). Mais personne ne fait rien, personne ne prend d'initiatives, personne n'a même pas su "prendre le pouvoir" dans ce parti. On nous a promis un congrès à l'automne prochain (!) et d'ici là, chacun se tire dans les pattes pour mieux tirer la couverture à soi, chacun y va de sa formule incantatoire ou religieuse en promettant (c'est juré) d'incarner la rénovation, chacun ne pense qu'à une chose : qui "sera en situation" (expression actuelle dont usent et abusent nos dirigeants politiques et qui ne veut rien dire) en 2012 ?

     

    Vite ! Encore des sondages ! Il n'y a plus qu'eux qui nous amusent. Car nos dirigeants de gauche, même s'ils cherchent à faire les guignols, nous font plus pleurer que rire. Et pleurer de désespoir.

  • Ségolène Royal divise par 7 son ISF en sous évaluant ses biens

    C’est au tour du couple Royal-Hollande d’être pointé du doigt par le Canard enchainé. L’hebdomadaire les accuse d’avoir sous-estimé de moitié leur patrimoine et «pulvérisé les records de sous-évaluation immobilière».
    Cela leur aurait permis de « diviser par sept » le montant de leur impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Le patrimoine immobilier de Ségolène Royal et de François Hollande s’élèverait à 1,813 million d’euros, affirme le Canard, sur le base d’évaluations d’experts de l’immobilier.
    Or, à la mi-janvier, Ségolène Royal donnait le chiffre de 933000 euros. Près de deux fois moins ! « Aimable plaisanterie » et « fâcheuses zones d’ombre » dénonce le Canard. Mise en cause sur l’existence d’une Société civile immobilière (SCI), la candidate socialiste avait reconnu, mi-janvier, être redevable de l’ISF avec son compagnon François Hollande « pour la deuxième année consécutive (d’) un montant annuel de 862 euros ».
    Si leur patrimoine se situe à la hauteur de ce qu’avance le Canard enchainé, la couple Royal-Hollande « auraient été contraints de régler plus de 6000 euros au titre de l’ISF. Sept fois plus que ce qu’ils ont effectivement payé ».
    En se basant sur les estimations de six experts immobiliers de la Côte d’Azur, le Canard Enchaîné affirme que la valorisation de leur maison de Mougins, sur les hauteurs de Cannes, «relève de l’aimable plaisanterie».
    Dans leur déclaration d’ISF, Ségolène Royal et François Hollande font état d’une habitation d’une valeur de 270.000 euros, deux à trois fois moins que le prix du marché, estime le journal. De plus, poursuit le Canard, l’estimation de l’appartement familial de Boulogne-Billancourt, dont Ségolène Royal et François Hollande possèdent les deux tiers via une SCI, est «pour le moins acrobatique»: il ne vaudrait pas les 750.000 euros affichés mais «autour de 1,2 million».
    La candidate socialiste a également «négligé d’évoquer deux biens supplémentaires qui viennent gonfler le patrimoine soumis à l’ISF de son foyer fiscal: des parts dans deux appartements situés à Cannes et propriété de la famille Hollande», selon l’hebdomadaire.
    Après la publication mercredi dernier d’un article sur le rabais de 300.000 euros dont aurait bénéficié Nicolas Sarkozy pour acheter un duplex à Neuilly-sur-Seine, Ségolène Royal avait déclaré n’avoir aucune crainte sur d’éventuelles révélations immobilières sur son patrimoine « puisque tout est transparent ». «  Les dirigeants politiques doivent être honnêtes, tout simplement », expliquait-elle alors sur i-Télé.
    Réagissant mardi soir, l’avocat du couple, Jean-Pierre Mignard, n’a pas réellement démenti les affirmations du Canard. Dans un communiqué, l’avocat a affirmé que François Hollande et Ségolène Royal « ont fait évaluer leurs biens pour leur déclaration ISF par un expert-comptable ». « Ségolène Royal, comme François Hollande, font confiance à l’administration fiscale pour faire la juste appréciation de la valeur de leurs biens respectifs ».