in "Le courrier Picard" 16/06/2014
Laurence Rossignol épinglée par l’UFC-Que Choisir
La secrétaire d’État à la Famille a frôlé la médaille du travail pour son temps de service discrètement passé à la Mutuelle des étudiants.
À ceux qui pensent que la sexualité est une équation à plusieurs inconnues. » Des guides à destination des étudiants comme celui-là, Laurence Rossignol affirme en avoir rédigé de nombreux. La Compiègnoise, qui ne savait pas encore qu’elle deviendrait un jour Secrétaire d’État à la Famille et aux Personnes âgées, était alors chargée de mission auprès de la MNEF, puis de la LMDE, la Mutuelle des étudiants.
Connue comme conseillère municipale de Compiègne et conseillère régionale, Laurence Rossignol (PS) l’était beaucoup moins pour ce travail. Un job qu’elle a pourtant occupé pendant 18 ans, à la direction Santé et Prévention de la mutuelle. D’abord à temps plein de 1993 à 2004, puis à tiers-temps (temps partiel) de 2004 à 2011, année où elle est devenue sénatrice. « Elle n’a jamais rien caché. Peut-être qu’on ne le lui avait pas demandé », souligne l’entourage de la secrétaire d’État.
Problème, l’Union Fédérale des Consommateurs-Que Choisir, qui étrille régulièrement la gestion de la LMDE qui avait succédé à la MNEF, doute que Laurence Rossignol a déployé autant d’énergie qu’elle le dit dans ce boulot, pour lequel elle a perçu 1 100 euros par mois.
Sans parler ouvertement d’emploi bidon, Que Choisir, dans un article à paraître ce mardi sur son site, s’interroge. « Si Mme Rossignol a vraiment été au service de la santé des étudiants (…) pourquoi l’avoir tu ? Si, au contraire, sa contribution à la marche de la LMDE a seulement été épisodique, pourquoi la mutuelle l’a-t-elle rétribuée si longtemps malgré ses difficultés financières ? ».
On a beau chercher, il ne se trouve par exemple qu’un seul dossier consacré aux étudiants signé Laurence Rossignol sur internet. Celui sur la sexualité, au titre humoristique cité plus haut, où elle apparaît comme rédactrice en chef. Un cas qui ne s’est visiblement pas reproduit souvent. « Je n’avais pas à signer tous mes écrits ! Dans un document de communication, c’est le sigle de l’émetteur qui est mis en avant, pas le nom de l’auteur », se défend la secrétaire d’État. « Elle est créditée comme rédactrice en chef pour quelques brochures, mais je sais qu’elle ne les a pas écrites parce que c’est moi et des collègues qui l’avons fait », rapporte cependant un ancien salarié de la mutuelle, cité par l’UFC. « Son bureau était toujours fermé. » Tandis que pour Philippe Marini, sénateur-maire UMP de Compiègne, « chacun sait que Laurence Rossignol a toujours été une permanente politique hébergée par des mutuelles étudiantes. »
L’intéressée a évidemment une autre version : « Je bossais le mardi et le mercredi. J’avais un bureau au rez-de-chaussée de la mutuelle.»
Laurence Rossignol n’est pas la seule membre de l’actuel gouvernement à avoir bossé pour la mutuelle qui gère la sécu des étudiants. En font aussi partie Jean-Marie Le Guen et Benoît Hamon.