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La gauche la plus bête du monde - Page 13

  • L'affaire Cahuzac met à mal la République exemplaire voulue par Hollande

    Par Hervé ASQUIN

    PARIS, 03 avr 2013 (AFP) - La chute de Jérôme Cahuzac, passé aux aveux après avoir nié farouchement pendant des mois être le détenteur d'un compte bancaire occulte à l'étranger, fragilise un peu plus encore François Hollande, mis en porte-à-faux avec sa promesse d'une "République exemplaire" et sommé de s'expliquer.

    Avec une exceptionnelle célérité mais aussi une "grande sévérité", le chef de l'Etat a condamné, une heure à peine après la révélation de cet aveu, l'"impardonnable faute morale" commise par l'ancien ministre du Budget qui a nié "l'existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que la représentation nationale".

    "Je n'avais aucune raison de ne pas le croire", a enchaîné le Premier ministre Jean-Marc Ayrault au journal de 20 heures de France 2, jurant qu'il ne disposait d'"aucun élément d'information" permettant de douter de la parole de Jérôme Cahuzac même s'il avait pu nourrir "des doutes" et "des interrogations" à son endroit.

    Pour Jérôme Fourquet (Ifop), les aveux de Jérôme Cahuzac posent non seulement "la question de l'autorité du président et de sa capacité de discernement" mais représentent aussi "un cas très embarrassant" pour lui alors qu'il avait "fait campagne sur une République exemplaire et la rupture avec Nicolas Sarkozy, le président ami des riches".

    "Même si la ligne de défense de l'Elysée consiste à dire que la main de Hollande n'a pas tremblé quand elle a scié la branche Cahuzac, la question se pose : c'est quand même lui qui l'a nommé au Budget et il n'a pas eu la capacité de lui faire dire la vérité", observe le politologue.

    "Je veux une République exemplaire", proclamait le candidat Hollande dans ses 60 engagements pour la France, soulignant en creux que la précédente majorité, confrontée notamment à l'affaire Bettencourt et à la mise en cause du ministre Eric Woerth, avait raté l'objectif de la République "irréprochable" voulue par Nicolas Sarkozy.

    Dans la soirée, l'entourage du chef de l'Etat s'est défendu d'avoir fait preuve de "naïveté", invoquant plutôt la "défaillance d'un homme" qui a "menti à toutes les autorités de l'Etat" et "s'est enfermé pendant des mois dans des dénégations totales pour sortir sur un aveu".

    François Hollande a été "bafoué et trahi" par son ancien ministre, a concédé la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, sa collègue Delphine Batho (Ecologie) parlant d'"un coup de poignard dans le dos".

    Le président de la République n'en avait guère besoin cinq jours après une interview télévisée qui a échoué à surmonter le scepticisme et la morosité des Français. Flirtant avec la barre des 30%, sa popularité a atteint la cote d'alerte.

    L'affaire Cahuzac menace de surcroît de parasiter la visite d'Etat qu'il doit effectuer mercredi et jeudi au Maroc alors que la droite soupçonne l'exécutif d'avoir couvert ce poids lourd du gouvernement. "La question (...) est de savoir si le président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement étaient au courant et s'ils ont couvert ces faits", a lâché Jean-François Copé, le président de l'UMP.

    Un soupçon également agité à la gauche de la majorité présidentielle : "Où s'arrête la chaîne du mensonge ? Qui savait et n'a rien dit ?", s'est interrogé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) tandis que le PCF a dénoncé un "scandale d'Etat" et les Verts, un "mensonge d'Etat".

    Pour Jérôme Fourquet, cette affaire va encore "alimenter le scénario de difficultés qui s'enchaînent et se multiplient pour Hollande et questionner son leadership puisqu'il donne le sentiment qu'il ne tient pas les rênes et peut se faire balader par un ministre, et pas des moindres".

    Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po, souligne que cette affaire risque de renforcer la "défiance" des Français et "touche la gauche de gouvernement au coeur de ses valeurs (...) d'intégrité, de justice, d'effort, de rigueur". Tout cela, a encore prévenu le politologue sur France Info, aura certainement "un coût pour la confiance de plus en plus ténue" accordée au gouvernement et au président Hollande. 

  • Bercy soupçonné d'avoir blanchi un peu vite Jérôme Cahuzac

    Par Francesco FONTEMAGGI

    PARIS, 03 avr 2013 (AFP) - Le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici et ses services à Bercy sont désormais sous le feu des questions, soupçonnés d'avoir un peu vite blanchi Jérôme Cahuzac sur la foi d'un document suisse censé prouver qu'il n'avait pas eu de compte bancaire caché.

    QUEL RÔLE A JOUÉ BERCY?

    Le site d'informations Mediapart affirme le 4 décembre que celui qui était alors ministre délégué au Budget avait clôturé en 2010 un compte à la banque suisse UBS et en avait transféré les avoirs à Singapour.

    Selon M. Moscovici, l'administration fiscale envisage alors de faire une demande d'entraide administrative à la Suisse, au nom d'un accord bilatéral entré en vigueur le 1er janvier 2010.

    La direction générale des Finances publiques (DGFiP) demande ainsi le 24 janvier aux autorités suisses si Jérôme Cahuzac ou ses ayants droit économiques ont eu un compte chez UBS entre 2006 et 2013, ou bien s'il en a clôturé un pour le transférer ailleurs.

    Les délais de prescription fiscale ne permettaient pas de remonter plus loin dans le temps, plaide-t-on à Bercy.

    La réponse tombe le 31 janvier, un délai très bref pour un tel dossier. "La réponse des Suisses a été qu'il n'y avait pas d'avoirs ni de compte clôturé sur la période concernée", assure le directeur général des Finances publiques Bruno Bézard, qui a reçu le document et affirme ne l'avoir transmis qu'à la police judiciaire, et ce dès le lendemain matin.

    En revanche, aucune demande d'entraide n'est adressée par le gouvernement à Singapour. Pourtant, "la France a un accord de coopération similaire avec Singapour, entré en vigueur au 1er janvier 2011", relève le secrétaire national du syndicat Solidaires Finances publiques, Vincent Drezet.

    "On a estimé que le document suisse apportait les réponses nécessaires", se justifie-t-on à Bercy.

    MOSCOVICI A-T-IL BLANCHI JÉRÔME CAHUZAC?

    Jamais rendue publique, la réponse de la Suisse fait l'objet de fuites dans la presse, selon lesquelles le document "blanchit" le ministre du Budget. Jérôme Cahuzac lui-même semble crier victoire. "L'affaire? C'est fini", lance-t-il début février à l'AFP. Tout en assurant n'avoir pas eu connaissance du document, il estime que "toutes les questions ont trouvé une réponse".

    En aparté, il va plus loin: "Bien sûr que je suis blanchi", lâche-t-il.

    "Ce document a sans aucun doute été utilisé à mon insu à d'autres fins que celles pour lesquelles il avait été demandé", déplore aujourd'hui Pierre Moscovici. Mais à l'époque, début février, il dit lui-même que la réponse suisse ne l'ébranle pas, laissant entendre qu'elle est favorable à Jérôme Cahuzac.

    Du coup, le ministre de l'Economie a été mis en cause mercredi par certains. Pour le fondateur de Mediapart Edwy Plenel, il a "instrumentalisé l'administration fiscale pour protéger Jérôme Cahuzac".

    Et le député UMP Claude Goasguen a démandé la démission de Pierre Moscovici, responsable à ses yeux de "dysfonctionnements très graves" dans cette affaire.

    "Je n'ai jamais eu la volonté de blanchir ou d'innocenter Jérôme Cahuzac", a dit le ministre à l'AFP, excluant de démissionner.

    POURQUOI CETTE DÉMARCHE A-T-ELLE ÉCHOUÉ?

    En fait, l'entraide administrative a plutôt bien fonctionné, alors que depuis 2010, la Suisse n'a répondu qu'à 23 des 72 demandes formulées par la France, constate Vincent Drezet. "La Suisse a répondu à une question précise. Il faudrait voir si elle n'était pas interprétable et si on n'aurait pas pu l'interroger sur une période plus longue par exemple", estime-t-il.

    Pierre Moscovici et Bruno Bézard assurent avoir tenté de faire la lumière "sur la période la plus longue possible". Le problème, ajoutent-ils, c'est que la convention franco-suisse ne permettait pas, en l'absence d'éléments, d'interroger les autorités helvétiques sur d'autres banques qu'UBS.

    "Vraisemblablement le compte chez UBS avait été fermé au début des années 2000", explique le ministre de l'Economie.

    Y A-T-IL EU CONFLIT D'INTÉRÊTS?

    Jérôme Cahuzac était responsable, sous l'autorité de son ministre de tutelle Pierre Moscovici, de l'administration fiscale, alors même qu'elle était censée faire la lumière sur son cas.

    "Dès le 7 décembre, j'ai proposé aux ministres de mettre en place une muraille de Chine (ndlr: un cloisonnement étanche) pour faire en sorte que Jérôme Cahuzac se dessaisisse sur tout dossier le concernant", se défend Bruno Bézard. "A partir du 10 décembre, tout sujet concernant Jérôme Cahuzac, tout sujet concernant la banque UBS, était traité en direct par Pierre Moscovici", ajoute-t-il.

     

  • Les aveux de Cahuzac provoquent une onde de choc

    PARIS, 03 avr 2013 (AFP) - Les aveux de l'ex-ministre Jérôme Cahuzac après quatre mois de mensonge au sujet de son compte à l'étranger continuaient mercredi matin de provoquer une onde de choc dans le monde politique qui fragilise un peu plus un exécutif impopulaire.

    Comme il y a deux semaines lorsqu'il s'est agi de démissionner M. Cahuzac après l'ouverture d'une enquête, l'Elysée n'a pas tardé à réagir mardi soir pour dénoncer la "faute impardonnable" de l'ancien ministre du Budget, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.

    Le président François Hollande, qui entame mercredi après-midi une visite d'Etat au Maroc, fera auparavant une déclaration télévisée à l'issue du Conseil des ministres.

    Mardi soir sur France 2, c'est Jean-Marc Ayrault qui était monté en première ligne pour souligner que l'exécutif n'avait "aucune raison de ne pas croire" l'ancien ministre. S'estimant "trahi" par M. Cahuzac, le chef du gouvernement lui a demandé de "prendre ses responsabilités" et de renoncer à sa carrière politique.

    Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a de son côté estimé que M. Cahuzac s'était "exclu de fait du Parti socialiste" dont il ne sera "désormais plus membre", et lui a demandé de renoncer à ses mandats électifs.

    Si l'opposition avait été plutôt clémente à l'égard de M. Cahuzac après les premières révélations de Mediapart début décembre, ses aveux de mardi ont changé la donne et permis l'ouverture d'un nouveau front contre la majorité.

    Jean-François Copé, président de l'UMP, a ainsi jugé sur Europe 1 que François Hollande avait au mieux fait preuve de "candeur", au pire "menti".

    "Qui peut croire aujourd'hui que François Hollande et Jean-Marc Ayrault n'étaient au courant de rien?", a attaqué le député-maire de Meaux, qui souhaite que les deux têtes de l'exécutif "s'en expliquent beaucoup plus profondément devant les Français".

    La "République exemplaire" promise par M. Hollande durant la campagne de 2012 lui revient comme un boomerang. "Vous vous souvenez de la formule +Moi président+ ? Moi président, je rétablirai la croissance, elle s'effondre, moi président je garantis la sécurité, l'insécurité explose, moi président je rétablirai la morale, il n'y a plus de quoi faire des leçons de morale", a fustigé M. Copé.

    Celui qui pourrait être son adversaire à l'automne pour la présidence de l'UMP, Laurent Wauquiez, n'a pas été en reste. Sur LCI, le député-maire du Puy-en-Velay a fait valoir qu'on "ne place pas à un poste comme ministre du Budget quelqu'un comme M. Cahuzac, sans avoir pris toutes les vérifications". "C'était un personnage sulfureux", dont "on savait que ses rapports avec l'argent n'étaient pas clairs", a-t-il accusé.

    La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a dû en retour sur Europe 1 prendre la défense du président et du Premier ministre. Ils n'étaient "bien entendu", selon elle, pas au courant du compte non déclaré détenu depuis une vingtaine d'année par M. Cahuzac à l'étranger.

    Selon elle, "c'est un homme qui a menti, c'est pas une institution, c'est pas un parti, c'est pas un gouvernement".

    La porte-parole a d'ailleurs rapporté que chacun avait interrogé personnellement l'ancien ministre du Budget qui répondait invariablement n'être "au courant de rien". "J'entends qu'on parle de naïveté", a lancé Mme Vallaud-Belkacem . Mais "nous avions d'un côté les allégations de Mediapart et les dénégations" de Jérôme Cahuzac de l'autre.

    Comme ses collègues du gouvernement, M. Cahuzac avait dû remplir après sa nomination une déclaration de patrimoine. Mais là aussi il a menti, a déploré la ministre de l'Ecologie Delphine Batho sur France Inter.

    Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, est lui aussi éclaboussé par cette affaire, avec des accusations de membres de l'opposition, notamment de M. Copé, d'avoir entravé l'enquête et tenté de blanchir son ministre délégué au Budget.

    Faux, a rétorqué M. Moscovici sur RTL. "Il n'y a eu aucune complaisance, aucune volonté d'entraver la justice", a-t-il assuré. Il a mis en avant ses demandes adressées aux autorités helvétiques pour obtenir des informations sur l'existence d'un compte en Suisse de son ex-ministre du Budget, soldées selon par une réponse négative.

    La presse française était mercredi particulièrement sévère avec M. Cahuzac après ses mensonges répétés dans l'hémicycle ou sur les plateaux de télévision. "Indigne", titre Libération. Pour Paul-Henri du Limbert du Figaro, "à l'heure où la France s'enfonce chaque jour un peu plus dans la crise, rien n'est plus grave que l'atmosphère de suspicion généralisée que provoquera inévitablement l'affaire Cahuzac".

    "Dans la stratégie du mensonge éhonté devant micros et caméras, on ne voit guère que Lance Armstrong pour rivaliser avec Jérôme Cahuzac !", préfère ironiser Hervé Favre dans La Voix du Nord.

     

  • Cahuzac reconnaît avoir eu un compte à l'étranger depuis une vingtaine d'années

    Paris, 2 avril 2013 (AFP) - Cahuzac reconnaît avoir eu un compte à l'étranger depuis une vingtaine d'années (communiqué) 

    "Dévasté par le remords", Cahuzac demande pardon pour "une faute inqualifiable".

  • Les frères Guérini, l'entrepreneur et le politique, entre corsitude et socialisme

    MARSEILLE, 02 avr 2013 (AFP) - Alexandre et Jean-Noël Guérini, deux frères d'origine corse au coeur d'une affaire politico-financière depuis quatre ans à Marseille, ont suivi des voies différentes, l'un la gestion des déchets, l'autre la politique, avant que leurs chemins ne se croisent devant la justice.

    L'aîné, Jean-Noël, 62 ans, est né à Calenzana, un petit village au-dessus de Calvi, d'un père agriculteur. "J'étais maigrichon, on m'a donné du lait d'ânesse", racontait le sénateur PS à l'AFP avant d'aller voir le juge Duchaine une première fois en septembre 2011.

    La famille Guérini débarque à Marseille en 1956, où Alexandre, le cadet, voit le jour cette année-là. Le père, Antoine, y a obtenu un emploi à l'office HLM, ainsi qu'un logement, grâce à l'oncle, Jean-François, conseiller général du Panier.

    Ce quartier, perché derrière la mairie au-dessus du Vieux-Port, a des allures de village corse. Depuis le XIXe siècle, c'est "le lieu de passage obligé des migrants qui quittent l'île pour +réussir+ à Marseille, un lieu de retrouvailles et d'entraide", selon une historienne de l'endroit.

    Beaucoup deviennent fonctionnaire, médecin, avocat. D'autres font des carrières moins honnêtes, à l'instar de Paul Carbone, un bandit de l'entre-deux guerres qui forge la mauvaise réputation du Panier avec son comparse Spirito.

    Jean-Noël Guérini, qui porte le même nom qu'une fratrie de gangsters originaires comme lui de Calenzana, dénonce cet amalgame : "Je suis Corse, je porte le nom de Guérini, je porte en moi un délit de patronyme". Refrain repris par Alexandre dans une lettre manuscrite qu'il adresse au juge en 2010, où il se plaint d'être "présumé coupable" du fait de ses origines, en citant le comique Guy Bedos qu'il aurait alors rencontré en Corse.

    L'aîné des frères commence à travailler à 16 ans à l'office HLM mais rejoint vite les Jeunesses socialistes, dans le sillage de l'oncle qui tient son canton pendant 31 ans, sous l'étiquette SFIO puis PS. Jean-Noël Guérini apprend à ses côtés.

    Comme dans d'autres dynasties politiques locales, l'oncle passe le relais au neveu, élu conseiller municipal en 1977, conseiller général en 1982 et maire de secteur en 1983. Toujours au Panier, que les Guérini "tiennent" depuis 60 ans.

    C'est là qu'Alexandre fonde, au début des années 1980, une entreprise de curage de canalisations, Rodillat, du nom d'une rue du quartier. Il la revendra plus de sept millions de francs en 1989 à la Compagnie Générale des Eaux, la future Veolia d'Henri Proglio, dont les Guérini sont proches. Le début de la réussite.

    A la même époque, son frère prend la présidence de l'office HLM du département et devient rapporteur du budget au conseil général. Décrit par un ancien élu au département comme un "gros travailleur", "râleur", "guerrier plutôt que consensuel", il attend son heure au milieu des barons.

    Elle vient en 1998, quand l'Istréen François Bernardini est contraint par la justice à quitter la présidence du conseil général. Guérini prend les rênes. Et fait en sorte que Bernardini ne puisse pas revenir.

    Au tournant du siècle, le temps des Guérini est venu. Selon ses détracteurs, Jean-Noël met la fédération socialiste départementale à sa botte, aidé dans l'ombre par Alexandre, reconverti dans l'exploitation, très lucrative, de décharges dans le département, auxquelles la justice s'intéresse dans un volet de l'affaire.

    Mais c'est en 2008, avec la candidature de l'aîné à la mairie de Marseille contre Jean-Claude Gaudin, puis la conquête de la communauté urbaine par les socialistes, que le cadet - décrit au mieux comme un fort en gueule, au pire comme l'ami des voyous - s'investit véritablement dans la politique et dérange à droite comme à gauche.

    L'année suivante, la justice, alertée par un courrier anonyme qui accuse les Guérini de diriger un "système mafieux" autour du conseil général, rattrape cependant les deux frères, placés en garde à vue mardi chez les gendarmes après de premières mises en examen en 2010 et 2011.

     

  • Les frères Guérini chez les gendarmes pour un dossier "mafieux"

    (AFP)

    Le sénateur PS des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini était mardi matin, ainsi que son frère Alexandre, dans les locaux de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille, pour y être entendu en garde à vue dans un dossier "à caractère mafieux" touchant à des marchés publics dans le département.

    Le président du conseil général est arrivé peu avant 09H00 à la caserne Beauvau dans une voiture de fonction escortée par un véhicule de la gendarmerie. Il a été rejoint une heure plus tard par un de ses avocats, Me Dominique Mattei.

    L'élu, dont le juge d'instruction marseillais Charles Duchaine avait obtenu en décembre une nouvelle levée de son immunité parlementaire, devait être entendu par les enquêteurs à la mi-janvier, mais il avait été hospitalisé pour une péritonite.

    Selon une source judiciaire, son frère, Alexandre Guérini, était entendu au même moment mardi, dans les locaux de la SR. Tous les deux sont déjà mis en examen dans un autre dossier du juge Duchaine, relatif à des décharges exploitées dans les Bouches-du-Rhône par Alexandre Guérini.

    L'affaire pour laquelle le sénateur doit à nouveau être entendu, porte sur des malversations financières de grande ampleur touchant à des marchés publics remportés dans des conditions suspectes auprès de collectivités de Haute-Corse et des Bouches-du-Rhône. Il implique des membres présumés du grand banditisme dont Bernard Barresi, arrêté en 2010 après 18 ans de cavale et mis en examen en décembre.

    Dans sa demande de levée d'immunité, le juge Duchaine avait évoqué un dossier "à caractère mafieux", dont la gravité et la complexité nécessitaient le placement en garde à vue de M. Guérini. Le magistrat avait précisé qu'il n'envisageait aucune mesure de détention ou de contrôle judiciaire à l'issue d'une éventuelle nouvelle mise en examen.

    Plus d'une vingtaine de personnes - entrepreneurs, hommes de paille, élus, fonctionnaires - sont déjà mises en examen dans ce dossier tentaculaire dont les prémices remontent à 2005.

    Le fisc s'intéresse alors à deux gérants de sociétés du Sud-Est, Patrick Boudemaghe et Damien Amoretti, qui roulent tous deux en Maserati. Il suspecte des fausses facturations autour de leur entreprise de maçonnerie à Gardanne (Bouches-du-Rhône), ABT, et de leur agence de location de véhicules et d'engins de chantier à Vallauris (Alpes-Maritimes), Riviera International.

    Le parquet d'Aix-en-Provence est saisi en 2008 et la police judiciaire commence à enquêter, sans remonter jusqu'aux Guérini. La justice marseillaise et les gendarmes, alertés par un courrier anonyme qui met en cause les deux frères en février 2009, récupèrent le dossier huit mois plus tard.

    Autour de Boudemaghe, arrêté en Espagne fin 2010, les enquêteurs repèrent alors une nébuleuse de sociétés - dont les ramifications mènent au Luxembourg et à Panama - soupçonnées d'avoir détourné et blanchi des millions d'euros issus de marchés publics.

    Pour la justice, Boudemaghe n'agit pas pour son propre compte, mais appartient à un "groupement permanent" d'intérêts aux côtés d'Alexandre Guérini et de Bernard Barresi, "malfaiteur notoire" reconverti, sous des faux noms, dans le BTP et l'immobilier, sa compagne oeuvrant dans le domaine de la sécurité, notamment pour le compte du département.

    Le frère du sénateur servait de "trait d'union entre le milieu et la bonne société, entre le monde économique et la sphère politique", avançait le juge dans sa demande de levée d'immunité parlementaire. Selon le magistrat, par son entrisme au conseil général, que son frère ne pouvait ignorer, Alexandre aurait obtenu que les entreprises de ses partenaires, en premier lieu ABT, soient favorisées dans certains marchés ou pour des chantiers de bâtiments publics (maisons de retraite, collèges, casernes de pompiers, etc.).

    Dans ce "système", quel était le rôle de Jean-Noël Guérini ? "Plus difficile à cerner et surtout à critiquer", de l'avis du magistrat, il aurait assuré de façon "systématique" le succès des entreprises de son frère et de ses amis "par ses interventions influentes, ses actions ou ses abstentions", dénoncées aux enquêteurs par d'anciens collaborateurs. Un "appui" sur lequel le groupement Guérini-Boudemaghe-Barresi "spéculait évidemment", concluait le juge dans sa demande de levée d'immunité.

  • Harlem Désir propose la mise sous tutelle de la fédération PS des Bouches-du-Rhône

    Harlem Désir va proposer mardi au Bureau national du PS la mise sous tutelle de la fédération des Bouches-du-Rhône dans la perspective des municipales, a déclaré à l'AFP un proche du premier secrétaire, confirmant une information du Monde.

    Le premier secrétaire "va proposer au Bureau national de mettre sous tutelle la direction de la fédération des Bouches-du-Rhône, en raison des grandes divisions qu'elle connaît", a précisé cette source.

    "Il va proposer qu'Alain Fontanel (secrétaire national du PS aux Fédérations) et Christophe Borgel (secrétaire national du PS aux élections), ainsi qu'une direction collégiale, dirigent la fédération pour préparer les élections municipales", a-t-on encore indiqué de même source.

    Cette direction collégiale sera composée de responsables nationaux et locaux, selon ce proche de Harlem Désir.

  • Cambadélis: le PS "pas à la hauteur" du combat à mener

    Le député PS Jean-Christophe Cambadélis a estimé lundi que le Parti socialiste n'était "pas à la hauteur" de la "bataille du sens" à mener pour expliquer la politique de François Hollande qui, parfois, parle "trop".

    Interrogé par Canal + sur la façon de s'opposer à la déception montrée par des sondages, l'élu de Paris a observé: "on ne peut pas tout attendre du président de la République et de ses interventions".

    "Il y a un doute, on ne peut le combattre en restant l'arme au pied", a-t-il poursuivi.

    "Je trouve que le parti socialiste, la communauté socialiste n'est pas à la hauteur du combat à engager pour donner du sens. La bataille du sens est nécessaire aujourd'hui à mener par les socialistes, sinon personne d'autre de la mènera", a argumenté M. Cambadélis.

    Vise-t-il le Premier secrétaire ? "C'est l'ensemble des socialistes, ne personnalisons pas", a répondu celui qui avait brigué en vain la tête du PS remportée par Harlem Désir. "L'ensemble des parlementaires devraient engager une campagne sur le terrain pour dire où nous allons, où nous en sommes".

    "Le président ne peut pas être tous les jours sur les plateaux, se substituer aux dirigeants socialistes", a-t-il dit.

    Mais ne doit-il pas "parler sans relâche", comme M. Cambadélis lui-même l'avait recommandé sur son blog? "Il parle sans relâche, parfois on peut dire qu'il parle de trop. Dès qu'il est en sortie, on lui tend le micro et il répond», a répliqué le député de Paris.

    Le chef de l'Etat doit-il renoncer aux petites phrases, petites blagues? "C'est son mode de liaison avec les Français pour dire: je suis toujours en relation avec vous", a-t-il répondu.

    A Dijon où le président séjourne deux jours, "il va prendre un peu le pouls de la France profonde", a expliqué le responsable PS.

    M. Cambadélis a encore critiqué des ministres qui "ne se managent pas bien". "A des moments donnés, on se demande qui a raison sur qui. Ces couacs à répétition ne permettent pas de voir où nous allons", a-t-il dénoncé.

  • Le mystérieux pactole du Parti socialiste du Pas-de-Calais

    Le Figaro – 8 Janvier 2013

     

    Dans le Nord-Pas-de-Calais, les dérives des têtes de file du PS vont occuper au cours des mois prochains pas moins de trois juridictions, dont l'une des plus importantes de France.

    Les policiers, qui enquêtent sous la direction du parquet de Lille, ont récemment mis à jour de nouveaux dysfonctionnements, visant notamment Jean-Pierre Kucheida, leader de fait de la fédération «62», la plus importante du Parti socialiste.

    La justice tente en effet d'y voir plus clair sur l'existence d'un éventuel système de financement illégal, dénoncé notamment par le maire PS déchu d'Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, dont le procès, qui s'annonce à haut risque, est désormais prévu dans trois mois. Pas moins de quatre enquêtes préliminaires sont menées par le parquet de Lille, des enquêtes dans lesquelles revienne systématiquement le nom de… Jean-Pierre Kucheida, ancien mentor de Gérard Dalongeville.

    Ces dossiers, dont trois sont bien avancés, doivent être regroupés d'ici à la fin du mois et transmis à l'instruction. Deux magistrats seraient alors cosaisis de l'affaire, le doyen de l'instruction, ainsi qu'Ida Chafaï, magistrate plus spécialisée dans les aspects financiers, dont le nom est connu pour avoir participé à l'enquête DSK.

     

    Favoritisme

    Les dernières investigations policières ne corroborent en effet pas les conclusions de l'ancien ministre socialiste Alain Richard, missionné au printemps dernier par son parti pour analyser le fonctionnement de la fédération à la réputation ternie à la fois par Gérard Dalongeville et par les déclarations d'Arnaud Montebourg. Alors que le sénateur avait simplement signalé l'existence de 120.000 euros parvenus sous forme de liquidité dans les caisses de la fédération - fruit des cotisations selon l'élu, qui avait exclu l'hypothèse de la corruption -, les enquêteurs eux ont compté pas moins de 278.000 euros au total au 31 décembre 2011.

    Au cours des perquisitions menées dans les locaux de la section PS de Liévin, ils ont également saisi des documents montrant que le parti avait lui-même mis la main à la poche pour la défense de Jean-Pierre Kucheida lors de sa mise en cause pour l'utilisation, a des fins personnelles, de la carte bancaire de la Soginorpa, un organisme gérant 62.000 logements sociaux dont il a longtemps assuré la présidence. Le député sortant et maire de Liévin devra répondre dès le mois d'avril, à Douai, en correctionnelle, des quelque 47.000 euros dépensés par lui sur cette carte en Corse, ou dans de grands restaurants, notamment.

    Deux factures de conseil émises par un grand cabinet parisien ont été adressées au PS de Liévin, l'une de 11.560 euros et l'autre de 10.294 euros. Les talons de chèques correspondants émis à partir du livret bleu de la fédération ont été retrouvés au nom du cabinet…

    Si les enquêteurs ne sont pas à ce jour parvenus à établir un système global de financement par les entreprises du bassin minier tel que dénoncé par Gérard Dalongeville, ils ont néanmoins mis à jour de nombreuses infractions de favoritisme. Dans leur viseur, se trouve le nom de l'une des plus grosses entreprises de BTP du Pas-de-Calais - qui apparaît aussi dans le dossier Dalongeville -, ainsi que l'office public Pas-de-Calais Habitat, un organisme visé également par la Cour régionale des comptes, et dans lequel a longtemps siégé Jean-Pierre Kucheida. «La technique est toujours la même pour favoriser telle ou telle entreprise, détaille un enquêteur : définir des critères et des sous-critères sur mesure pour les sociétés amies.»

    Pas-de-Calais Habitat a également fait preuve d'une générosité non conforme à ses statuts en prenant en charge des frais tels que 800 euros de chasse à l'œuf et 1 370 euros d'achats destinés à fêter Halloween pour une association de Lens, ou encore en investissant pas moins de 34.235 euros en places présidentielles pour le Racing Club de Lens, durant la saison 2008-2009. Gérard Dalongeville, qui jure à la veille de son procès qu'il ne tombera pas seul, finira peut-être par avoir raison.